Amnesty dénonce la répression et le rôle de la France au Togo
Le 20 juillet 2005, publié sur ufctogo.comAmnesty International a dénoncé mardi la répression au Togo lors des jours qui ont précédé et suivi l’élection présidentielle du 24 avril 2005, remportée par Faure Gnassingbé, l’un des fils de l’ancien président Gnassingbé Eyadéma.
Dans un rapport intitulé "Togo : l’histoire va-t-elle se répéter ?", Amnesty analyse les atteintes aux "droits fondamentaux" qui ont incité plus de 30.000 Togolais à trouver refuge au Bénin et au Ghana, deux pays limitrophes.
Amnesty International indique n’avoir pu établir "un bilan exhaustif" des morts, mais dit avoir établi "une liste de 150 noms".
Le rapport souligne que "le total est bien plus élevé, car de nombreux témoignages ont fait état de corps non identifiés déposés à la morgue ainsi que de cadavres enterrés sans avoir été enregistrés au préalable dans les hôpitaux ou à la morgue".
Le 13 mai, la Ligue Togolaise des Droits de l’Homme avait avancé un bilan provisoire de 811 morts.
Le gouvernement togolais avait réagi immédiatement en qualifiant le rapport de "plaisanterie de mauvais goût".
Compte-tenu de la "gravité" des informations recueillies, Amnesty réclame notamment la mise en place d’une commission d’enquête internationale, et demande aux pays accordant une aide militaire au Togo, "notamment la France", de s’assurer que les transferts en matière militaire, de sécurité et de police ne soient "pas utilisés contre la population civile".
Amnesty International rappelle que le ministre des Affaires étrangères français Michel Barnier avait jugé le 26 avril le scrutin au Togo globalement satisfaisant "malgré un certain nombre d’incidents".
Deux jours plus tard, le commissaire européen à l’Aide au développement, Louis Michel, s’était déclaré "fortement préoccupé par les violences et les exactions commises à l’encontre des civils, dans le contexte de l’élection présidentielle".
Amnesty "estime qu’il est temps que la France tire les leçons des récentes violations des droits humains commises par les forces de sécurité togolaises et exige que la promotion et la protection des droits humains deviennent une priorité des relations entre la France et le Togo".
L’organisation demande également au gouvernement français de "reconnaître sa part de responsabilité dans la crise des droits humains dans laquelle le Togo est plongé et d’agir pour mettre fin à ces atrocités".