DEPECHE

Différence d’approche sur les droits de l’Homme entre MM.Chrétien et Boutros-Ghali

Le 29 août 1999, publié sur ufctogo.com

Interdire des pays coupables de violations des droits de l’Homme de venir au Sommet de Moncton (3-5 septembre) serait "négatif", estime le secrétaire général de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), Boutros Boutros-Ghali qui rejette par ailleurs l’idée d’un Commonwealth francophone suggérée par le Premier ministre canadien Jean Chrétien.

Interrogé samedi par l’agence Presse Canadienne depuis Moncton (Nouveau-Brunswick), M. Boutros-Ghali soutient qu’il faut que ces pays puissent venir afin "que nous écoutions leur point de vue, que nous donnions notre point de vue (et) qu’ils se voient confrontés à la société francophone internationale".

Partisan d’une approche "pragmatique" et discrète, l’ancien secrétaire général de l’ONU n’entend cependant pas se soustraire aux Etats membres de l’OIF qui pourraient toujours prendre une décision contraire. Mais aucun d’eux, pas plus que le Canada en tant que pays hôte, n’ont opposé un quelconque veto à leur présence.

En matière d’approche "pragmatique", M. Boutros-Ghali a ainsi cité l’exemple du Niger, où l’OIF a pris des sanctions à la suite du coup d’Etat militaire d’avril dernier. Ces mesures ont été efficaces puisque, a-t-il noté, la junte s’est engagée à organiser des élections en novembre prochain.

"Nous avons obtenu un résultat en condamnant le coup, en arrêtant pratiquement l’assistance technique au Niger. On l’a fait d’une façon discrète au lieu de claironner que nous allons punir le Niger", explique M. Boutros-Ghali qui fait également valoir les missions de médiation au Congo-Kinshasa, au Togo et au Cameroun.

Par ailleurs, M. Boutros-Ghali n’apprécie pas les comparaisons qu’on peut faire entre la Francophonie et le Commonwealth qui, par le passé, a suspendu certains de ses membres, comme l’Afrique du Sud au temps de l’apartheid.

Pour sa part, dans un entretien paru samedi dans le quotidien montréalais "Le Devoir", le Premier ministre canadien Jean Chrétien estime ainsi que l’OIF "peut devenir une espèce de Commonwealth francophone". "Nous nous sommes servis du Commonwealth pour faire pénétrer la démocratie dans des pays. Nous espérons faire la même chose avec la francophonie", dit-il en notant que plusieurs membres de l’OIF "ne sont pas des modèles de démocratie et de bon gouvernement".

Plus mesuré, M. Boutros-Ghali ne partage pas cette analyse. "Chaque organisation à sa propre spécificité. Il ne faut pas oublier que la francophonie est encore nouvelle dans le domaine politique et il faut lui laisser le temps de mûrir et de développer des règles, des principes et des procédures (...) Nous évitons d\’imposer quoi que ce soit à un Etat sans obtenir la participation de l’Etat" en question", estime-t-il.
Associated Press, AP, Ottawa, Canada, 29 août 1999.

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