Haïti : la police tente de mater la rébellion aux Gonaïves
Le 8 février 2004, publié sur ufctogo.comPORT-AU-PRINCE (AFP) - La police haïtienne est intervenue samedi matin aux Gonaïves (nord-ouest) pour tenter de mater la rébellion menée par des opposants armés au président Jean Bertrand Aristide qui a fait plusieurs morts depuis jeudi.
Sept policiers ont été tués au cours de cette opération qui a eu lieu vers 10h30 locales dans cette ville, la quatrième du pays, située à 170 km au nord de la capitale Port-au-Prince, a indiqué Radio-Indépendance, une radio locale privée. Un des rebelles a été blessé. Selon un autre bilan communiqué par des témoins, trois policiers ont été tués au cours de l’intervention.
De son côté, l’un des chefs rebelles, Winter Etienne, membre du Front de résistance révolutionnaire de l’Artibonite, avait indiqué plus tôt que 14 policiers avaient été tués. Il avait aussi annoncé auparavant que deux officiers de police avaient été tués. Les unités de la police ont investi le commissariat central occupé par le Front de résistance depuis jeudi, selon les médias locaux. Le président Aristide a déclaré devant plusieurs milliers de partisans rassemblés à Port-au-Prince samedi que "les responsables seraient arrêtés et jugés selon la loi".
L’intervention de la police a pour but de "protéger la population civile", avait affirmé plus tôt le secrétaire d’Etat haïtien à la Communication, Mario Dupuy depuis la capitale, en confirmant l’intervention de la police. Le Front de la résistance, qui réclame la démission du président haïtien, avait pris le contrôle jeudi du principal commissariat des Gonaïves, ainsi que d’autres postes de police de la région. La prise d’assaut du commissariat central avait fait au moins 11 morts et plusieurs dizaines de blessés. Les affrontements aux Gonaïves entre partisans et adversaires du président Aristide ont fait depuis le 23 septembre 2003 plus de 60 morts et une centaine de blessés.
Samedi, plusieurs correspondants locaux ont fait état de la prise de contrôle vendredi soir par des hommes armés du commissariat de police de la ville de Trou du Nord (nord). Des témoins ont aussi indiqué que le commissariat de Saint-Marc (nord) était tombé aux mains d’une organisation de l’opposition, Ramicos, qui a aussi libéré les prisonniers détenus dans la prison proche du commissariat. Le Front affirme avoir été armé par la présidence haïtienne du temps où il la soutenait. Après l’assassinat le 22 septembre de son chef, Amiot Métayer, qu’il impute au gouvernement, le groupe avait décidé de passer dans l’opposition et de se joindre aux demandes de la société civile et de partis politiques pour réclamer la démission du chef de l’Etat. M. Dupuy a démenti formellement que des armes aient été remises par M. Aristide aux rebelles.
L ?ambassade des Etats-Unis à Port-au-Prince a fermement condamné samedi les attaques et la destruction de bureaux publics et a exprimé son appui aux efforts déployés par la Communauté des pays des Caraïbes (Caricom). La médiation de la Caricom pour résoudre la crise politique est entrée dans une phase délicate pour le président haïtien, qui a accepté une libération des opposants incarcérés, un désarmement des groupes armés proches du pouvoir et une liberté de manifester pacifiquement pour l’opposition dans le pays. De son côté, le secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, a appelé vendredi les Haïtiens à régler leurs divergences pacifiquement, en notant que la prise de contrôle des Gonaïves par des rebelles marquait une "nouvelle escalade dans la violence qui affecte le pays".
AFP