KENYA : la fin d’un règne de plus de 24 ans !
Le 30 décembre 2002, publié sur ufctogo.comConformément à la Constitution kenyane, Daniel Arap Moi ne pouvait se représenter au poste de président de la République.
Mwai Kibaki, proclamé dimanche troisième président du Kenya, a promis le changement après 24 ans de règne de Daniel arap Moi, dont il fut vice-président, et 39 années de pouvoir sans partage d’un parti dans lequel il a pourtant fait ses classes politiques.
A 71 ans, Kibaki était le candidat d’une alliance hétéroclite de partis d’opposition, la Coalition nationale de l’arc-en-ciel (Narc). Pendant la campagne, cette alliance a mis en avant l’expérience du pouvoir de son candidat.
Car contrairement à son principal adversaire, Uhuru Kenyatta, 41 ans, fils du premier président kényan Jomo Kenyatta mais novice en politique, la carrière politique de Kibaki a débuté il y a près de 40 ans.
Elle a même commencé dans les rangs de la Kanu, le parti de Moi et Kenyatta, au pouvoir dans l’ancienne colonie britannique depuis l’indépendance en 1963.
Cette année-là, Kibaki est élu au parlement sous l’étiquette Kanu. Il gravit progressivement les échelons au sein du parti unique. Il est nommé ministre à plusieurs reprises, notamment du Commerce et des Finances, et occupe même le poste de vice-président de 1978 à 1988.
Mais Kibaki se retrouve progressivement isolé au sein de la Kanu, qu’il quitte le jour de Noël 1991, peu après l’avènement du multipartisme au Kenya.
REVEURS DEMOCRATES
Il fonde alors le Parti démocratique juste à temps pour participer aux premières élections pluralistes au Kenya en 1992. Il est battu par Moi et le sera de nouveau en 1997 mais la constitution interdit au président sortant de concourir pour un troisième quinquennat.
Ses adversaires ne manquent pas de souligner cette conversion tardive à la démocratie.
Dans les années 80, Kibaki, amateur de formules imagées, avait ainsi comparé les partisans du multipartisme à des rêveurs essayant d’abattre un arbre à l’aide d’une lame de rasoir.
Ancien élève de la London School of Economics, Kibaki est décrit comme un homme politique intelligent, adepte des bons mots, mais aussi indécis.
Le nouveau président s’est engagé à combattre la corruption, dont sont soupçonnés Moi et ses alliés de la Kanu.
Mais Kibaki devra convaincre les nombreux sceptiques qu’il est capable de mener ce combat alors que nombre d’anciens dirigeants de la Kanu ont rejoint la Narc ces derniers mois.
Marié et père de quatre enfants, Kibaki est l’un des hommes politiques les plus riches du Kenya où il a investi dans l’hôtellerie, l’assurance et l’agriculture.
Reuters