Mobilisation pour le 36ème Sommet de l’OUA
Le 5 juillet 2000, publié sur ufctogo.comLa capitale togolaise, où ont démarré mardi les réunions préparatoires du 36ème sommet ordinaire de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), vit, de jour comme de nuit, dans une extrême fébrilité économique et politique.
Lomé est, en effet, engagée, depuis au moins trois mois, dans une impressionnante course contre la montre afin d’offrir, pendant les dix jours à venir, à ses hôtes africains, dont le tiers pourrait être convoyé par la Libye, les quelque 3,000 lits nécessaires à leur hébergement, selon les estimations officieuses.
Les autorités politiques s’appliquent, depuis mars dernier, à relever ce défi, dans un pays "toujours soumis aux rigueurs des sanctions sélectives de l’Union européenne" et dont "la capacité d’accueil se situe, en temps normal, autour de 1.700 lits", ont indique à la PANA des sources proches du ministère du tourisme.
Toutes les ressources du gouvernement du Premier Ministre Eugène Koffi Adoboli et l’imagination de ses principaux responsables sont ainsi largement mises à contribution.
Entre l’édification de villas grand standing à Lomé II, au Nord de la vieille ville, le curage des caniveaux, le traçage, le rebitumage et l’éclairage des principales artères, au premier rang desquels "les boulevards Circulaires" et "Eyadéma", qui desservent la capitale d’un bout à l’autre, aucune initiative n’a été négligée pour que la capitale togolaise soit prête pour l’événement.
Mais, en raison, principalement, des "délais particulièrement limités", les efforts de l’Etat togolais n’ont pas tous porté leurs fruits. La "Cité OUA 2000", qui aurait dû sortir de terre, à quelques encablures de la résidence du président Gnassingbé Eyadema, est, pour l’essentiel, toujours en cours d’édification.
De l’avis des entrepreneurs et manœuvres rencontrés lundi et mardi sur les chantiers par l’envoyé spécial de la Pana, malgré le travail continu qui se poursuit toute la nuit, à la lumière des projecteurs et phares de véhicules, "l’espoir est désormais mince que ces villas, en cours d’édification, puissent être d’un secours optimal pour le présent sommet".
La reconversion, par les premiers membres de la délégation libyenne du site de la Foire Togo 2000, l’installation de bungalows et de résidences préfabriquées dans le centre ville et les zones résidentielles, mais surtout, la réfection en cours, de l’imposant "Hôtel du 2 février", dont les 35 étages sont entièrement fermés au public depuis trois mois, devraient aider cependant les autorités togolaises à parer à toute éventualité.
Exception faite de Mme Claire Ngo Djebet, une femme d’affaires d’origine camerounaise et une des rares à avoir remis à ce jour au gouvernement togolais, les clés d’une "résidence achevée, équipée et fonctionnelle", la plupart des sociétés nationales et des opérateurs économiques privés, nationaux et étrangers, en sont encore aux différentes phases du "gros œuvre"... à une semaine du sommet.
L’opératrice Ngo Djebet justife sa performance par "le suivi personnel" de son chantier et surtout, par le fait qu’elle est, elle-même, technicienne supérieure de génie civil spécialisée en bâtiment et travaux publics". Elle qualifie de "géniale et séduisante" l’initiative du gouvernement togolais de conclure un pacte de solidarité entre l’Etat et les promoteurs privés, toutes nationalités confondues". En échange de la viabilisation par l’Etat, d’un terrain de 1.200 mètres carrés, sa cession à 10 millions de f. Cfa et d’une exonération de 30 à 40 pour cent sur les matériaux de construction, les promoteurs privés, mais aussi les ambassades et tous les particuliers, qui en ont les moyens, ont été "conviés, il y a trois mois, à édifier, à leur frais, des villas grand standing, sur l’un des meilleurs sites de la capitale, sur la base d’un plan standard".
Ces villas, "à condition d’être réalisées dans les délais", sont mises à la disposition du comité d’organisation, "en échange, au terme du Sommet panafricain, d’un titre de propriété irrévocable". Mais, même si ces centaines de chantiers font présentement la joie de milliers de jeunes manœuvres et ouvriers, jusque-là désœuvrés, une opinion proche de l’opposition togolaise, n’y voit cependant, que "la preuve de l’inopportunité de ce sommet que le Togo n’avait guère vocation à abriter, compte tenu de sa situation politique et économique actuelle".
Ce courant d’opinion, auquel la presse hebdomadaire de Lomé sert de relais, affiche et assume une nette déconnexion d’avec les enjeux futurs du 36ème Sommet, pourtant, l’un des plus décisifs, de part son ordre du jour, depuis la conférence constitutive de l’OUA, le 25 mai 1963 à Addis Abéba.
Il revendique plutôt, une nette préférence pour "le traitement prioritaire", par le gouvernement de Koffi Adoboli, des "quatre mois d’arriérés de salaires cumulés dans la fonction publique et des retards encore plus considérables dans le reversement de certaines allocations familiales et pensions de retraite".
Il s’impatiente enfin, pour le "déblocage de la crise politique", qui mine de l’intérieur, depuis dix ans, l’image du Togo. Celui-ci passe, ainsi, par la bonne poursuite du processus électoral devant conduire, après la prestation de serment le vendredi 30 juin, des 20 membres de Commission électorale nationale indépendante (Ceni), "à l’organisation, en décembre prochain, d’élections législatives véritablement libres et transparentes".
Panafrican News Agency (PANA)