Conférence de presse : Déclaration du Président National de l’UFC, M. Gilchrist Olympio
par UFC , le 28 mars 2003, publié sur ufctogo.comEcouter également l’Interview de Radio France Internationale.
Mesdames, Messieurs,
En organisant cette rencontre, notre but est, comme vous le savez, de discuter avec vous de la situation politique au Togo et de la préparation de l’élection présidentielle qui devrait s’y dérouler dans deux mois.
Le 12 janvier dernier, à Agoué au Bénin, lors de la commémoration du 40 ème anniversaire de l’assassinat de Sylvanus Olympio, le Premier Président de la République togolaise, je déclarais devant les militants de mon Parti, l’union des Forces de Changement, UFC, que nous irons à la prochaine élection présidentielle au Togo.
Nous allons à cette élection pour la gagner. Sinon, cette élection n’aura pas de sens, ni sur le plan national ni sur le plan international.
Cette déclaration indiquait la position que je souhaitais voir mon Parti prendre et ce d’autant qu’à cette date, nous connaissions les dispositions déjà prises par le pouvoir pour l’organisation de cette élection.
Ces dispositions, dont vous avez été informées en même temps que l’ensemble de l’opinion togolaise et internationale, seraient contraires à l’esprit et à la lettre de l’Accord-cadre de Lomé que les partis de l’opposition démocratique et la mouvance présidentielle ont adopté par consensus et signé le 29 juillet 1999 en vue de résoudre la crise politique née du coup de force électoral opéré par le pouvoir RPT à l’issue de l’élection présidentielle de 1998.
Tous les acquis de cet Accord-cadre ont été rejetés par le pouvoir notamment la parité, le consensus et laïcisation de la communauté internationale, s’agissant de toute décision en matière électorale.
Le régime a modifié le Code électoral et la Constitution exigeant notamment de tout candidat une résidence de 12 mois consécutifs dans le pays avant la prochaine élection présidentielle.
Nous jugeons ces modifications des lois d’une part illégales et illégitimes et d’autre part circonstancielles et abusives. En effet, elles visent essentiellement à exclure de la compétition un des candidats potentiels qui a toutes les chances de remporter l’élection, comme ce fût le cas lors de la présidentielle de juin 1998, et à permettre au chef de l’Etat qui, lui est frappé par la limitation de mandat, de se présenter de nouveau.
Je voudrais signaler par ailleurs que ces lois portent en germe une « ivoirisation » de la vie politique togolaise.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, ce nouveau danger pourrait fatalement conduire notre pays à une situation inextricable. Un des derniers arguments de ce pouvoir à bout de souffle n’a pas échappé aux obsen’ateurs de la vie politique togolaise : celui visant à remettre en cause la nationalité de certains responsables politiques togolais que le pouvoir cherche à présenter comme des étrangers. Ce que les obsen’ateurs appellent déjà « la togolité », par analogie avec « l’ivoirité », pourrait devenir, si cela persistait, une grave menace, une de plus, pour la cohésion nationale. Il s’agit là, à l’évidence, d’une nouvelle escalade dans les dérives de cette dictature anachronique et affairiste qui a ruiné le Togo, et qui veut poursuivre l’instauration d’un régime d’exclusion, d’arbitraire et de répression sanglante pour se maintenir indéfiniment au pouvoir contre la volonté du Peuple.
C’est contre un tel régime que l’UFC se bat en exigeant l’abrogation des lois récemment adoptées par le pouvoir, celles qui ont modifié la Constitution de 1992 et qui ont détruit les acquis de l’Accord-cadre de Lomé.
L’objectif que nous visons est simple : que soient réunies les conditions de la tenue d’élections libres, équitables, transparentes et acceptables de tous.
L’UFC a voulu mener ce combat au sein de la Coalition des Forces Démocratiques, CFD, qu’elle a contribué à créer avec les partis de l’opposition démocratique. Mais il est apparu que certains des membres de cette Coalition ne saisissent pas les enjeux du combat et, s’accommodant de la loi d’exclusion qui affecte un des candidats, s’apprêtent à se présenter à l’élection présidentielle aux conditions du pouvoir, pensant pouvoir l’emporter par la présentation d’un candidat unique, stratégie qui corrigerait de leur point de vue, les conditions déplorables d’organisation de ces élections.
C’est dans conditions que I’UFC a décidé de se retirer et de mener un réel combat contre l’arbitraire et pour de véritables élections permettant à tous les citoyens, candidats et électeurs, de remplir démocratiquement leur devoir civique.
L’UFC ne peut mener un tel combat en restant en dehors de l’action politique surtout pendant cette période électorale cruciale pour les populations togolaises déjà meurtries, et qui pourraient se sentir abandonnées à leur triste sort.
Déterminée à refuser de se soumettre aux lois scélérates qui viennent d’être adoptées par le régime, lois dont certaines sont de surcroît inapplicables d’un point de vue juridique, L’UFC a proposé ma candidature en me demandant de l’accepter. Demande à laquelle je souscris publiquement et que je confirme devant vous aujourd’hui.
Dès lors, notre combat s’organisera à partir de ce jour autour d’une proposition en 12 points simples que l’UFC présente aux acteurs politiques togolais, à la société civile et à la Communauté internationale en vue d’un règlement politique juste et acceptable par tous, de la crise togolaise.
L’UFC engagera en même temps un plaidoyer auprès de la Communauté internationale et des grandes puissances pour leur soutien à notre cause
Des campagnes et des manifestations populaires seront organisées dans tout le pays et au sein de la diaspora togolaise pour soutenir la résistance qu’incarne ma candidature.
Enfin, une mobilisation générale permettra d’obtenir le moment venu, un vote franc et massif de nos concitoyens, en notre faveur.
Rappelant que l’UFC a été créée sur le fondement d’une union du peuple togolais pour promouvoir le changement, notre parti est entièrement disposé à travailler avec les partis politiques, la société civile et tous ceux qui voudront se joindre à lui pour la défense de la même cause, notamment la jeunesse togolaise sacrifiée.
Gilchrist OLYMPIO - Paris, le 28 mars 2003
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