Des députés malgaches pris en otage par des réservistes
par Rémy Fred AKOUETE , le 30 mai 2004, publié sur ufctogo.comL’ensemble des 160 députés qui forment l’Assemblée nationale de la Grande Ile de l’Océan Indien, ont été pris en otage le vendredi 28 mai 2004. L’acte a été posé par plusieurs centaines de réservistes de l’armée nationale. Sans armes et en civil, ils ont bloqué l’accès des locaux qui abritent l’assemblée nationale à Antananarivo, la capitale.
C’est une prise d’otages ; « Nous attendons que les députés trouvent une solution aujourd’hui à nos problèmes, nous leur donnons un ultimatum (...) Nous n’avons pas peur des forces armées, non pas de la confrontation et des dérapages. Tant que nous n’obtiendrons pas satisfaction, nous manifesterons toujours et tous les jours », a laissé entendre Georges Randimbiarijaora, le porte- parole des réservistes. Ils (les députés) doivent examiner nos requêtes, a-t-il ajouté.
A bout de patience, les réservistes revendiquent des indemnités de plus de 200.000 ariay par personne soit l’équivalent de 118 euros, un montant qui avait été porté à la connaissance du chef du gouvernement malgache lors de la cérémonie d’adieu aux armes le 31 janvier 2004. A en croire le porte - parole des réservistes, le temps de la négociation est arrivé à terme.
La prise d’otage avait eu lieu au moment où les députés malgaches s’étaient réunis pour la cérémonie du 25e anniversaire de leur association. Contraint, le président de l’assemblée, a dû
organiser une réunion de bureau restreint pour examiner la situation.A noter que pour « reconquérir le territoire » après le premier tour de l’élection présidentielle de décembre 2001 qui l’avait opposé à son prédécesseur ;l’actuel chef de l’Etat malgache Marc Ravalomana, avait fait appel à quelques 2500 réservistes qui l’ont soutenu.
Le gouvernement malgache avait en février dernier, pris l’engagement de rembourser à chacun des réservistes, des arriérés de salaire et des frais médicaux liés aux blessures subies pendant les affrontements ainsi que le versement des pensions de veuvage en cas de décès. Près d’une quarantaine de réservistes malgaches avaient trouvé la mort durant la crise présidentielle de 2002, marquée par le départ de Ratsiraka, aujourd’hui en France.
Il y a douze ans, la situation que vivent aujourd’hui les députés malgaches, avait eu lieu au Togo. Alors en séance plénière, plus d’une quarantaine de membres du Haut Conseil de la République(HCR) Parlement de transition, avaient été du 22 au 23 octobre 1992, séquestrés par un groupe de militaires. Contrairement aux réservistes malgaches, les militaires togolais avaient usé de la manière forte à l’endroit des membres du HCR qui ont vécu plus de 24 heures d’enfer. Ces derniers s’étaient rassemblés pour auditionner Gabriel Messan Kodjo Agbéyomé, alors ministre de l’Administration territoriale et de la Sécurité , sur les raisons de la fermeture des frontières du Togo avec ses pays limitrophes.
Munis d’armes, les hommes en tenue s’étaient introduits au Palais des congrès de Lomé pour réclamer leur part de cotisation obligatoire à laquelle tout agent ou fonctionnaire du secteur public et privé était soumis pour renflouer les caisses du RPT, ex parti- Etat. Au cours de cette opération qui avait suscité l’ire de l’opinion internationale., les membres du HCR ,avaient été injuriés, humiliés, passés à tabac, même privés de repas. Certains ont vu leurs véhicules, garés aux abords du palais, saccagés . A côté de l’insurrection militaire du 13janvier 1963, soldée par la mort du Président Sylvanus Olympio, la séquestration des membres de ce parlement de transition avait été qualifiée par les observateurs du plus grave événement de l’histoire politique du Togo, depuis son accession à la souveraineté internationale en avril 1960.
Rémy Fred AKOUETE
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