Gilchrist Olympio invité du journal Afrique-RFI
par La rédaction UFCTOGO.COM , le 8 mai 2003, publié sur ufctogo.comAprès le rejet de sa candidature par la Cour constitutionnelle, le 6 mai 2003, le Président de l’UFC était l’invité du journal Afrique de Radio France Internationale, ce jour, 8 mai 2003.
Interrogé par Christophe Boisbouviers, le leader de l’union des Forces de Changement a rappelé à son interlocuteur que l’arrêt de la Cour constitutionnelle n’était pas une surprise dans la mesure où toutes les institutions sont inféodées au dictateur. En outre, le rejet de la candidature de M. Olympio n’entame en rien sa détermination à mettre fin à ce régime anachronique (tant que je respire, il y a de l’espoir).
Ainsi, le Président de l’UFC a lancé un appel à la désobéissance civile : le peuple est fondé à résister au tyran qui l’opprime...
Cependant, M. Olympio a rappelé son attachement à un règlement pacifique de la crise togolaise, refusant tout recours à la violence...Le leader de l’UFC a constamment exprimé son espoir que les partenaires du Togo, notamment notre partenaire principal qui est la France, sauront ramener le dictateur à la raison...
Nous sommes certains de notre victoire sur l’arbitraire, car notre cause est juste, elle dépasse la seule personne de M. Olympio.
Notre combat est celui de tout un peuple. M. Olympio incarne l’aspiration au changement. Samedi 26 avril et mardi 29 avril, le peuple a réaffirmé sa confiance en M. Olympio.
Telle est sa légitimité !
La rédaction
Christophe Boisbouvier : Gilchrist Olympio bonjour.
Gilchrist Olympio : Bonjour
Christophe Boisbouvier : Comment réagissez-vous au rejet de votre candidature ?
Gilchrist Olympio : Finalement c’est un non événement parce que, comme vous le savez, ce n’est pas la première fois que ma candidature a été rejetée.
En 93 ce sont les certificats médicaux qui n’etaient pas conformes ;
En 98, vous savez, il a arrêté le décompte des voix et finalement il s’est déclaré vainqueur avec 52% des voix.
Cette fois-ci il nous a jeté tous les obstacles possibles sur la voie. Il peut être président à vie ; et il parait même qu’il a un certain nombre de fils, de filles et d’enfants qu’il est en train de préparer pour prendre la relève...
Nous pouvons en avoir sur le dos jusqu’a la fin de ce siècle. Il a amendé de façon unilaterale la loi électorale, la constitution, les conditions de résidence ; il faut aussi qu’il y ait un quitus fiscal. Bien que je n’aie pas travaillé au Togo et que je n’aie pas de revenu, il a refusé de donner un quitus ; il a refusé ma domicilation. J’ai une maison familiale au Togo.
Finalement, on ne s’attendait pas à autre chose que ce qui s’est passé avec la requête à la cour constitutionnelle.
Christophe Boisbouvier : Alors qu’est ce que vous allez faire maintenant ?
Gilchrist Olympio : Nous sommes en lutte contre ce régime depuis très longtmps ; depuis plus d’un trentaine d’années. Nous allons renforcer la lutte par tous les moyens : La désobéissance civile, les grèves, les meetings populaires, les organisations de masse etc. Nous aimerions à tout pris éviter la violence parce que la violence appelle la violence et nous croyons que M. Eyadema n’hésitera pas comme il l’a fait dans le passé à tuer des gens, à tirer dans la foule. Mais nous croyons que la lutte doit continuer.
Les jeunes sont très excités en ce moment et nous essayons de les calmer. Mais je les comprends aussi. Quand vous avez 25 ans et que vous avez tout votre avenir hypothequé par ce regime de M Eyadema, vous n’avez aucun avenir devant vous ; vous avez le droit d’être un peu excité.
Christophe Boisbouvier : Mais que conseillez-vous à vos partisans dans les heures qui viennent.
Gilchrist Olympio : Surtout de garder le calme jusqu’à ce qu’on prenne une décision définitive. Parce que le scrutin qui vient n’a pas de sens. Si le but de M Eyadema c’est de faire lever les sanctions, il se trompe.
Christophe Boisbouvier : Quelle consigne allez-vous donner à vos partisans pour le scrutin du premier juin.
Gilchrist Olympio : Nous attendons de voir. Peut-être, je suis le président du parti politique le plus important de notre pays. J’ai été exclu, donc ces élections n’ont pas de sens.
Christophe Boisbouvier : Est-ce que vous pourrez appeler à voter pour un autre candidat de l’opposition, Bob Akitani par exemple ?
Gilchrist Olympio : Bob Akitani est le candidat d’un parti ami qui s’appelle le PFC, Parti des Forces de Changement. Mais notre réflexion nous dit que si M Eyadema m’écarte par tous ces moyens juridico-techniques, il ne va pas accepter mon sosie non plus. Il trouvera les moyens aussi pour écarter les gens qui sont proches de nous. Et finalement est-ce que ces élections ont un sens ? Nous n’avons même pas le droit d’avoir des représentants dans les bureaux de vote. Par conséquent nous prendrons des décisions dans les jours qui viennent.
Christophe Boisbouvier : Bon, alors il y a Bob Akitani, mais il y a aussi d’autres candidats de l’opposition. Il y a Yawovi Agboyibor, Léopold Gnininvi. Est-ce que vous pourriez éventuellement appeler à voter pour l’un d’entre eux ?
Gilchrist Olympio : Ce n’est pas dans notre répertoire pour le moment. Vous savez nous avons eu des relations un peu difficiles avec certains de ces partis et par conséquent nous sommes en train de voir ce qu’on peut faire. Mais Si Eyadema m’écarte, il va également écarter les gens qui sont proches de moi et de la politique que nous voulons poursuivre. Par conséquent pour le moment nous n’avons pris aucune décision. Parce que nous croyons que finalement ces élections n’auront aucun sens et que l’alternance au Togo et la décision finale sur le sort de M. Eyadema se fera par des moyen politiques et pas nécessairement par les scrutins qui auront lieu dans deux ou trois semaines.
Christophe Boisbouvier : Donc si jamais vous avez à appeler à voter pour un autre candidat, vous ne le ferez pas tant que la cour constitutionnelle n’aura pas définitivement validé les autres candidats pour ne pas trop les exposer ?
Gilchrist Olympio : Non je n’ai pas tout a fait dit ça. Vous savez dans notre pays, que ce soit la cour contitutionnelle, le parlement, le gouvernement, ce sont des institutions créées par M. Eyadema qui sont inféodées à ses gens. Nous n’attendons pas la décision de la cour constitutionnelle. Nous essayions d’évaluer si ces élections ont un sens et à notre avis, ces élections n’ont finalement pas beaucoup de sens.
Christophe Boisbouvier : Gilchrist Olympio, vous êtes plus tenté par un boycott que par autre chose en ce moment ?
Gilchrist Olympio : Je ne dis pas ça. Si nous somme arrivés à ce point ; Si nous avons poursuivi notre action jusqu’à aller devant la cour constitutionnelle dominée par M. Eyadema, c’est parce qu’on veut prouver à notre population à l’intérieur et à l’extérieur, à l’Union Européenne et surtout à la France que nous ne sommes pas un parti qui prône la chaise vide. Nous sommes un parti qui veut aller à l’élection et Monsieur Eyadema ne nous donne pas la chance de le faire.
Christophe Boisbouvier : Est ce que vous pensez que la France a fait tout ce qu’elle pouvait pour que le scrutin soit le plus transparent possible.
Gilchrist Olympio : Nous sommes très surpris par l’attitude de la France. Leur dernière reaction à la presse a été tres très tiède. La France continue de considérer M. Eyadema comme un chef d’Etat sérieux qu’il faut prendre par des pincettes. Nous croyons que Monsieur Eyadema doit être considéré comme protagoniste de la crise qui sévit au Togo et traité comme tel.
Christophe Boisbouvier : Gilchrist, après tant d’années de lutte sans résultat concret, est-ce que vous n’avez pas envie de renoncer aujourd’hui ?
Gilchrist Olympio : Je ne crois pas. Nelson Mandela a fait 25 ans en prison. Mon slogan c’est ce que j’ai appris chez les prètres catholiques à Lomé : "Du spiro spero". Tant que je respire j’ai l’espoir.
RFI

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