Gilchristophobie
par Le Patriote (Côte d'Ivoire) , le 12 juillet 2004, publié sur ufctogo.comLa négraille togolaise n’est pas encore rassasiée de ses dérives. La « Gilchristophobie » revient au galop avec le retour annoncé de l’ennemi numéro un d’Eyadema.
- Gilchrist Olympio Photo © AFP
Gilchrist Olympio a finalement obtenu des autorités togolaises, un « titre de voyage », un passeport [1] pour se rendre dans son pays dans le cadre du dialogue inter-togolais ouvert le 27 mai.
Cet autre épisode sur les pièces d’identité du fils de Silvanus Olympio montre à l’envi que le régime togolais est très loin des déclarations de bonne intention sur la paix et la sécurité du Sommet d’Addis-Abeba. D’ailleurs, le refus du chef de l’Etat togolais de se rendre à la rencontre de l’Union Africaine cachait bien, au-delà des divergences de vue sur la crise ivoirienne, un désir inconscient de ne pas se mêler à un « ordre révolutionnaire » où il risquait de se brûler.
Les nouveaux feux allumés par le président de la Commission africaine, Alpha Oumar Konaré, surtout pour les violeurs de Constitution (suivez mon regard) ont suffisamment cerné le maître de Lomé. Plus de tripatouillage, « Gbê est mieux que drap », comme le dirait l’homme de la rue à Adjamé. Les vives polémiques suscitées par la chasse à Gilchrist Olympio en 2003 à la faveur des présidentielles placent Gnassingbé Eyadema dans la même position que celle d’un Henri Konan Bédié en 1999, d’un Général Guéi en 2000 ou d’un Gbagbo devenu plus « Alassanophobe ». Tous avaient flairé le « danger » si le président du RDR, Alassane Ouattara se présentait aux élections. Il les aurait sans doute battus à plates coutures. Il fallait donc l’éliminer. On l’accusa d’avoir utilisé un passeport burkinabé.
L’ivoirité utilisée à tour de bras pour réaliser ce dessein fonctionna à merveille comme sur des roulettes. Les appareils politiques du PDCI et du FPI appuyés par des intellectuels s’employèrent à codifier ce concept exclusionniste dans le quotidien des Ivoiriens. Conséquence, la Côte d’Ivoire s’est déchirée. Et la rébellion déclenchée le 19 septembre 2002 aura été la conséquence d’une politique de l’éprouvette du sang, greffée sur des problèmes politiques épars.
La même logique s’exprime dans le cas togolais. Sans le vouloir, le régime Eyadema est en train de réaffirmer la primauté raciale même si à l’origine de cette cabale, il était plutôt question d’écarter Gilchrist Olympio du trône. De père togolais et de mère ghanéenne, il n’est pas moins un citoyen togolais jouissant de tous ses droits civiques. Mais aujourd’hui, il erre comme un apatride loin de ses terres, allant de capitale en capitale à la recherche, comme dirait l’autre, d’un « simple papier ». Une honte pour l’Afrique et ses dirigeants, du grain à moudre pour tous ceux qui pensent que l’Afrique est la terre du diable. Dans ce décor, tout en noir où Lucifer lui-même perdrait sa classe, des chefs d’Etat comme Eyadema, Robert Mugabe, Laurent Gbagbo incarnent, malheureusement, l’image de l’Afrique looser. La petite Afrique où des roitelets en culotte courte, fouet à la main, tuent les bourgeons du futur.
Assoumane Bamba - Le patriote (Côte d’Ivoire) visiter le site
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