La Cedeao et l’élection présidentielle du 24 avril 2005 au Togo
par UFC , le 1er août 2005, publié sur ufctogo.comAu lendemain de la mascarade électorale du 24 avril 2005 au Togo, le énième hold-up électoral perpétré par le pouvoir RPT est révélé au grand jour par une image diffusée sur toutes les chaînes de télévision du monde. Cette image montre le braquage d’un bureau de vote par des militaires armés, emportant en courant urnes et bulletins de vote, pendant que d’autres militaires tiennent en respect et passent à tabac le public venu assister au dépouillement.
Avec raison, les Togolais estiment que la CEDEAO inspirée par Chirac ont manœuvré pour organiser le vote des bêtes sauvages et perpétuer la dictature des Gnassingbé.
Qu’est-ce que la CEDEAO, si ce n’est un syndicat de chef d’Etats, tous anciens militaires, ne comprenant rien à la chose démocratique, sans réelle légitimité démocratique, exceptée deux ou trois d’entre eux.
Ces organisations africaines, sans réelle capacité et sans moyen ne contribuent nullement au développement et à l’avancée de l’Afrique. Ce sont des coquilles vides dont se servent parfois, au gré de leurs intérêts, les « blancs » quand ils sont lassés de régler directement nos nègreries. Cela permet d’évoquer la maturité des Africains, et leur capacité à régler entre eux leurs problèmes. Il nous faudra un jour, quand le peuple aura recouvré sa souveraineté s’interroger sur l’utilité et l’opportunité d’appartenir à de telles institutions.
Notre défiance à l’égard de la CEDEAO et de ces institutions africaines est ancienne. Car, du vivant de Gnassingbé 1er, elles sont restées silencieuses, voire complices.
Il est de notoriété que la président nigérien, Mamadou Tandja était un obligé du tyran togolais. La Lettre du Continent (n°458 du 11 novembre 2004) titrait « Tandja chouchou d’Eyadéma...le président togolais Gnassingbé Eyadéma soutient au Niger la réélection de Mamadou Tandja( il lui a même prêté son hélicoptère).
Ainsi, après les élections présidentielles de juin 2003, quand l’Union européenne envisageait la mise en place d’un dialogue politique efficace entre le pouvoir en place et l‘opposition, il fut question d’une facilitation ou d’une médiation africaine, en particulier celle de la CEDEAO, l’UFC opposa un refus catégorique car le souvenir des facilitateurs, Bernard Stasi, Lansana Kouyaté, Idé Oumarou devenus portes-paroles zélés d’Eyadéma lors du dialogue inter togolais de 1999 était encore présent dans les esprits.
La médiation de la CEDEAO, après le décès de Gnassingbé Eyadéma, s’est imposée aux Togolais. Elle fut l’instrument d’un complot contre notre peuple. C’est ce que le présent Mémorandum veut montrer.
La Cedeao et l’élection présidentielle du 24 avril 2005 au Togo
Au lendemain de la mascarade électorale du 24 avril 2005 au Togo, le énième hold-up électoral perpétré par le pouvoir RPT est révélé au grand jour par une image diffusée sur toutes les chaînes de télévision du monde. Cette image montre le braquage d’un bureau de vote par des militaires armés, emportant en courant urnes et bulletins de vote, pendant que d’autres militaires tiennent en respect et passent à tabac le public venu assister au dépouillement.
Le 28 Juin 2005, à Cotonou, lors du forum sur les partis politiques, les médias et la société civile en Afrique de l’Ouest, organisé à l’initiative du club Sahel de l’OCDE et du club de Veille pour la paix en Afrique de l’Ouest, la CEDEAO, à travers son secrétaire exécutif adjoint chargé des affaires politiques, Cheick Oumar Diarra, affirme que cette intervention des militaires est plutôt destinée à « protéger » l’urne contre « les tentatives de destruction » des militants de l’opposition.
Quelques jours plus tard, lors d’une rencontre organisée par la diaspora togolaise en France, M. Bernard Stasi, ex ‘’facilitateur’’ du dialogue inter-togolais (et dont les atermoiements et partis pris en faveur du RPT ont compromis la mise en œuvre de l’Accord Cadre de Lomé) défend la même thèse en présentant comme une intervention salutaire destinée à sécuriser les urnes, le braquage des bureaux de vote par les forces de répression du pouvoir clanique togolais.
Ces propos mensongers, cyniques et de mauvaise foi ne sont que la reprise de la campagne de désinformation orchestrée par le pouvoir RPT et lancée par une interview abracadabrantesque de M. Faure Gnassingbé au quotidien français Le Monde. Ils dévoilent les auteurs et les commanditaires de ce qui se révèle un véritable complot contre le Peuple togolais.
Sinon, pourquoi cet acharnement de la CEDEAO et des officiels français à vouloir justifier l’injustifiable en tentant de travestir la réalité de cette image qui fait la honte non seulement du Togo mais de l’Afrique toute entière ? La réconciliation nationale ne peut se fonder que sur la vérité. Voilà pourquoi le présent mémorandum lève le voile sur le véritable rôle de la CEDEAO et de ses commanditaires dans les intrigues qui aboutissent à la mascarade d’élection présidentielle du 24 avril 2005 au Togo. Il s’articule autour de sept points :
Le coup d’Etat militaire
L’intervention de la CEDEAO
La conspiration
La mise en œuvre de la conspiration
Le coup d’Etat électoral
L’attitude du Président Obasanjo
Le rôle de la France
LE COUP D’ETAT MILITAIRE
Le samedi 05 février 2005, les populations togolaises et la communauté internationale sont stupéfaites et indignées d’apprendre que l’annonce du décès du Général Eyadéma est immédiatement suivie d’un coup d’Etat perpétré par certains officiers des Forces Armées Togolaises (FAT) qui confient le pouvoir à l’un des fils du président défunt.
Les populations togolaises, de même que la communauté internationale, notamment l’Union Africaine et la CEDEAO, condamnent fermement ce coup d’Etat et exigent le retour à la légalité constitutionnelle en vue de l’instauration d’un dialogue politique pour la tenue de l’élection présidentielle.
A l’issue d’une session extraordinaire le mercredi 09 février 2005, la CEDEAO entreprend des démarches auprès des autorités togolaises autoproclamées pour leur signifier la nécessité de se conformer à cette exigence sous peine de sanctions. L’institution sous régionale juge que ce coup de force est en flagrante violation de l’article 45 de son protocole sur la démocratie et la bonne gouvernance qui préconise l’isolement des pays qui commettent « des actes de recul graves de la démocratie » et la non reconnaissance de tout régime ayant accédé au pouvoir de manière illégale.
Dans le but manifeste de gagner du temps, le pouvoir de fait multiplie des missions en direction des pays du continent.
Le 19 février 2005, la CEDEAO annonce qu’elle impose des sanctions au régime de Lomé. Sous la pression conjuguée des populations togolaises et de la communauté internationale, notamment l’injonction du Président des USA demandant au putschiste de quitter immédiatement le pouvoir, le Président autoproclamé démissionne dans la nuit du 25 février 2005. La même nuit, la CEDEAO déclare qu’elle lève les sanctions.
La levée immédiate des sanctions, dès l’annonce de la démission du Président autoproclamé, jette le doute dans les esprits sur les intentions réelles de la CEDEAO car cette mesure est en contradiction avec les propres exigences de l’institution sous-régionale. En effet, le retour à l’ordre constitutionnel qui prévoit une transition de deux mois sous la direction du président de l’Assemblée Nationale Ouattara Fambaré Natchaba, demandée par la CEDEAO depuis le début de la crise n’est toujours pas respecté.
L’INTERVENTION DE LA CEDEAO
Le tintamarre fait par la CEDEAO en réclamant la démission de Faure Gnassingbé ne manque pas de séduire la communauté internationale, dont certaines organisations comme l’Union Européenne qui, avant le décès du Président Eyadéma, est à l’avant garde du suivi de la crise togolaise. Ces organisations saluent la position de la CEDEAO qui traduit à leur sens, une maturité à laquelle elles décident de se fier pour la bonne fin du dossier togolais. Elles s’alignent donc désormais sur la CEDEAO quant à l’attitude à adopter sur ce dossier et apportent leur soutien à l’organisation sous régionale en réitérant toutefois leur préoccupation concernant le dialogue national et l’élaboration d’un cadre électoral acceptable par toutes les parties.
Il convient en effet, de rappeler que le gouvernement togolais s’est engagé auprès de l’UE, à réviser le cadre électoral dont plusieurs textes (Constitution, Code électoral, etc.), adoptés consensuellement par le pouvoir et l’opposition à l’issue de l’Accord-cadre de Lomé en 1999, ont fait l’objet de multiples tripatouillages par le régime RPT qui y a, unilatéralement, introduit des mesures discriminatoires et antidémocratiques.
C’est dans ce contexte que le 28 février 2005, une délégation de haut niveau de la CEDEAO conduite par son Président en exercice, Mamadou Tandja, Président du Niger et comprenant Amani Toumani Touré, Président du Mali, arrive à Lomé pour rencontrer les protagonistes de la crise togolaise. Lors des discussions la délégation de la CEDEAO oppose une fin de non recevoir catégorique à tout accord politique pour aller à l’élection présidentielle. Au contraire, malgré l’insistance de l’Opposition démocratique, la CEDEAO réitère devant tous les acteurs politiques, la stricte application des dispositions antidémocratiques de la Constitution et du Code électoral avec pour conséquence l’exclusion du leader de L’UFC, Gilchrist Olympio, de la compétition électorale.
La Coalition de l’Opposition fait observer que c’est durant la phase préparatoire, c’est à dire pendant la période de révision des listes et de distribution des cartes que l’administration militante RPT réalise généralement les fraudes et irrégularités qui vident de tout sens les diverses consultations électorales au Togo. Elle insiste donc pour que des garanties appropriées soient aménagées en vue d’assurer le bon déroulement de cette étape décisive du processus.
Le 1er mars 2005, après moult discussions et de difficiles tractations, le Président Tandja accepte la révision de la liste électorale par le pouvoir RPT qui impose, pour ce faire, une formule inédite et complètement irréaliste, en violation des dispositions légales.
Dans le dessein inavoué de tromper la vigilance de la Coalition, la délégation de la CEDEAO fait accepter par le pouvoir togolais, dans ce qu’elle prétend être un « accord » intervenu le 28 février 2005, neuf « engagements » parmi lesquels :
la représentation des partis politiques de l’Opposition en tant que membres à part entière des structures locales d’organisation des élections, avec les pouvoirs de signer les procès verbaux et le droit d’en recevoir copies ;
l’observation du scrutin par des organisations internationales crédibles, étant entendu que cette observation ne présente d’intérêt que si elle débute dès la phase préparatoire du scrutin, c’est-à-dire celle concernant la révision des listes et la distribution des cartes d’électeurs ;
la nécessité pour l’administration, les forces de sécurité publiques et toutes les institutions de la République d’être impartiales et d’observer une stricte neutralité ;
l’implication de la CEDEAO, de l’Union Africaine et d’autres partenaires pour accompagner le processus électoral.
En vue d’assurer le respect de ces ‘’engagements’’, la délégation de la CEDEAO dépêche sur place M. Maï Manga Bokar en qualité d’envoyé spécial et trois experts électoraux.
LA CONSPIRATION
Très tôt, l’envoyé spécial et les trois experts révèlent les objectifs qui leur sont assignés, en affirmant n’avoir pour mission que l’application des textes togolais c’est- à- dire la Constitution et le Code électoral tripatouillés et non la mise en œuvre des engagements pris part le gouvernement le 28 février 2005.
Joignant l’acte à la parole, le 2 mars 2005, soit deux jours à peine après le prétendu accord du 28 février 2005, le secrétaire exécutif de la CEDEAO, agissant de connivence avec le gouvernement, fait insérer dans un communiqué concernant d’autres sujets, une clause selon laquelle les représentants des partis politiques de l’Opposition au sein des commissions administratives et des comités des listes et cartes siègent, non pas en qualité de membres à part entière, comme stipulé dans les ‘’engagements’’ du 28 février 2005, mais comme de simples observateurs. La conspiration ourdie contre les populations togolaises et dont la CEDEAO est l’exécutant zélé ne fait plus l’ombre d’un doute.
Le 29 mars 2005, l’envoyé spécial et les trois experts, concrétisent l’acte du secrétaire exécutif de la CEDEAO en réduisant les représentants de l’Opposition dans les structures de gestion du scrutin au rang de simples observateurs.
La CEDEAO vient ainsi de délier formellement le pouvoir RPT de l’une des principales mesures anti-fraudes objets des ‘’engagements’’ du 28 février 2005.
Une autre mesure importante, celle concernant la supervision du processus électoral par des observateurs internationaux, subit le même sort. L’envoyé spécial de la CEDEAO laisse entendre à la Coalition qu’il ne conçoit la mise en œuvre de « l’engagement » du 28 février 2005, relatif à l’observation du processus électoral, qu’à la date du scrutin et non durant la phase préparatoire. Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que le processus de révision des listes et de distribution des cartes soit un tissu de graves irrégularités et anomalies commises sous le couvert de la CEDEAO, à l’abri de tout regard impartial.
LA MISE EN ŒUVRE DE LA CONSPIRATION
Cette complicité active de la CEDEAO conforte le pouvoir RPT dans la mise en œuvre de sa technique de fraudes doublée d’une stratégie de terreur.
a\ La technique de fraudes
Le lundi 14 mars 2005, le quotidien national Togo Presse publie la liste provisoire des bureaux de vote pour l’élection présidentielle du 24 avril 2005. Cette publication sonne le départ de la mise en oeuvre d’un plan de fraudes systématiques préparé par le RPT. Tout au long du processus, c’est à dire avant, pendant et après le scrutin, cette machine de fraudes électorale massives tourne à fond pour produire les résultats fantaisistes proclamés.
Le calendrier électoral, conçu par le gouvernement et imposé par la CEDEAO à la Coalition de l’Opposition démocratique, procède d’une interprétation volontairement biaisée de l’article 65 de la Constitution togolaise qui stipule : « Le Gouvernement convoque le corps électoral dans les soixante jours de l’ouverture de la vacance pour l’élection d’un nouveau Président de la République pour une période de cinq ans ». La convocation du corps électoral ne signifie nullement la tenue des élections dans les soixante jours.
De plus, ce calendrier déplace le point de départ du délai des soixante jours, du 5 février 2005, date du début de la vacance constatée par la Cour Constitutionnelle, au 26 février 2005, date de prise de fonction du Président intérimaire. Ce qui est une violation flagrante de la Constitution qui stipule que le délai court à partir de la vacance du pouvoir, constatée par la Cour Constitutionnelle. On note que le gouvernement et la CEDEAO invoquent la stricte application des textes tout en piétinant ceux-ci, pour les besoins de la conspiration. Il n’est écrit nulle part dans la Constitution qu’en cas d’évènements graves -un coup d’Etat par exemple- il est permis de déplacer le point de départ du délai des 60 jours. La stricte application de l’article 65 de la Constitution tel qu’interprété par la CEDEAO implique la tenue du scrutin présidentiel au plus tard le 06- avril 2005. Or, les dates retenues sont les suivantes :
26 mars 2005 : date limite des dépôts de candidature
28 mars 2005 : début de la révision de la liste électorale
5 avril 2005 : fin de la révision de la liste électorale
du 08 au 22 avril 2005 : campagne électorale
24 avril 2005 : élection présidentielle.
Il convient en outre, de relever que la liste électorale qui date de la présidentielle frauduleuse du 21 juin 1998, a déjà été manipulée pour les besoins de la présidentielle non moins frauduleuse du 1er juin 2003 et contient une masse importante d’électeurs frauduleux et fictifs, lorsqu’elle n’est pas amputée des électeurs des zones considérées comme favorables à l’Opposition. Elle ne peut donc faire l’objet d’une révision sérieuse en seulement huit jours, d’autant plus que les travaux de révision impliquent plusieurs étapes, notamment :
inscriptions ou radiations sur la liste électorale
saisie informatique des inscriptions
affichage pendant trois jours de la liste électorale pour les recours
mise à jour du listing définitif
commande et personnalisation des cartes d’électeurs
Le respect scrupuleux de chacune de ces étapes exige du temps ainsi qu’un investissement humain et financier conséquent pour garantir la fiabilité et la crédibilité de la liste. Sauf à être bâclée, la révision de la liste électorale ne peut donc pas être réalisée en une semaine.
Face au maintien d’un calendrier électoral trop court qui n’offre aucune garantie de transparence ni d’équité du scrutin, l’Union européenne décide de s’abstenir de tout concours financier et technique au processus électoral. Elle n’enverra pas d’observateurs pour superviser une élection mal préparée.
Quant aux institutions impliquées dans le scrutin présidentiel, à savoir, la Cour Constitutionnelle, le gouvernement, l’Assemblée Nationale monocolore, la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication, elles se sont disqualifiées par leur participation au coup d’Etat du 05 février 2005. La CEDEAO a non seulement imposé une lecture tronquée de la Constitution mais également maintenu dans l’organisation du scrutin présidentiel les institutions impliquées dans le coup d’Etat.
Enfin, en dépit des dispositions constitutionnelles qu’elle prétend observer rigoureusement, la CEDEAO ne s’embarrasse d’aucun scrupule pour paver la voie du retour au pouvoir du candidat putschiste du RPT, rendu inéligible conformément à l’article 148 de la Constitution qui dispose : « Toute tentative de renversement du régime constitutionnel par le personnel des forces armées ou de sécurité publique, par tout individu ou groupe d’individus est considérée comme un crime imprescriptible contre la Nation et sanctionnée conformément aux lois de la République. ».
Au total, avec un calendrier électoral imposé en dépit de tout bon sens et en violation de la Constitution, avec une révision expéditive, bâclée, discriminatoire et illégale de la liste électorale, avec le non respect des engagements pris par le pouvoir, avec la précipitation dont le gouvernement et la CEDEAO font preuve dans l’organisation de ce scrutin, tous les ingrédients de la mascarade électorale sont réunis. L’ensemble est complété par une série d’actions destinées à :
déstabiliser le système informatique mis en place par la Coalition pour collecter les résultats ;
prendre en otage toute la population en l’empêchant de garder tout contact tant à l’intérieur qu’à l’extérieur ;
créer un climat d’incertitude, de peur et de terreur dans le pays.
b\ La stratégie de la terreur
En soutien au système de fraudes électorales massives, une répression sauvage, destinée à mater aussi vite que possible toute velléité de contestation, s’abat sur les paisibles populations togolaises aux mains nues. Des véhicules non immatriculés avec à bord des individus armés de pistolets, de gourdins cloutés et de machettes, sèment la terreur de préfecture en préfecture. A Lomé et ses environs, des miliciens du RPT, convoyés par camions entiers et prépositionnés sur le site de la foire Togo 2000 mènent, avec l’appui d’éléments des forces armées et de sécurité, des expéditions punitives contre les militants et sympathisants de l’Opposition démocratique. Des individus cagoulés et armés attaquent systématiquement dans les rues et dans les maisons des quartiers supposés acquis à l’Opposition démocratique.
Le 27 février 2005, une manifestation pacifique des femmes togolaises, réclamant le retour à la légalité constitutionnelle, est réprimée avec une rare violence par les forces de l’ordre et de sécurité.
Le grand meeting du samedi 16 avril 2005, organisé à Lomé à l’appel de la Coalition de l’Opposition pour le lancement de la campagne électorale, est marqué par une répression sauvage au moment où les paisibles populations se rendent au lieu du rassemblement et sur leur chemin de retour. Ainsi tous ceux qui portent tricots, casquettes ou foulards aux couleurs jaunes de l’Opposition sont systématiquement agressés, molestés et persécutés.
La chasse aux militants et sympathisants de l’Opposition se déroule dans plusieurs quartiers de Lomé, notamment Bè, Adidogomé, Atikoumé, Casablanca, Nyékonakpoé, Totsi, lycée de Tokoin et dans plusieurs localités du pays.
Le pouvoir RPT poursuit avec cynisme sa campagne de menaces, d’intimidations, d’arrestations arbitraires et d’assassinats sur fond de harcèlement des médias privés et de censures abusives par la HAAC.
Le 18 avril 2005, la HAAC publie un communiqué interdisant la couverture de la campagne par les médias privés, dans l’unique dessein de priver la Coalition de tout relais médiatique fiable tout en lui imposant la censure des médias publics entièrement acquis au pouvoir RPT.
Au fur et à mesure que les irrégularités et anomalies dans le processus électoral ainsi que les répressions, violences et autres exactions contre les populations aux mains nues sont constatées, la Coalition les porte à la connaissance de l’envoyé spécial et des trois experts de la CEDEAO. Elle adresse même au président en exercice de la CEDEAO deux lettres datées des 03 et 15 mars 2005 à propos du refus d’application par le gouvernement des engagements du 28 février 2005. Mieux, un responsable de la Coalition, dûment mandaté, porte au président en exercice un dossier complet sur les exactions, anomalies et irrégularités. Par ailleurs, la Coalition multiplie des actions en direction de l’envoyé spécial de la CEDEAO pour notamment :
dénoncer l’ampleur des irrégularités ainsi que le peu d’empressement de l’administration à y remédier et
obtenir le report de la date du scrutin.
Toutes ces actions, notamment, une rencontre le 31 mars 2005, la correspondance du 1er avril 2005 restée sans réponse et une nouvelle rencontre le 5 avril 2005, sont vaines. Du reste, toutes les plaintes de la Coalition demeurent sans suite. La CEDEAO se mure dans un silence criminel, son envoyé spécial se bornant à déplorer l’impossibilité d’arrêter la machine infernale du pouvoir RPT.
C’est donc avec indignation que le 13 avril 2005, la Coalition apprend que la CEDEAO prétend, par la voix de sa porte-parole Adrienne Diop, qu’elle n’a pas connaissance des irrégularités et anomalies susceptibles de remettre en cause le processus électoral. Cette attitude malhonnête, où l’hypocrisie le dispute à la mauvaise foi et au cynisme, confirme non seulement l’existence d’une véritable conspiration contre le peuple togolais mais surtout la participation active et manifeste de la CEDEAO à la mise en œuvre de cette conspiration.
Les populations togolaises exaspérées et frustrées, sont désormais convaincues de la complicité de la CEDEAO dans les manœuvres frauduleuses visant à assurer la ‘’victoire’’ de Faure Gnassingbé au scrutin présidentiel.
Le 14 avril 2005, à l’issue d’une marche pacifique, la Coalition demande le retrait immédiat de la CEDEAO du processus électoral et invite la communauté internationale à tirer les conséquences de l’impuissance de la CEDEAO, de façon à s’impliquer activement dans le processus en cours afin que le scrutin présidentiel n’aggrave pas la situation déjà dramatique du Togo.
Deux jours avant la tenue de l’élection présidentielle, le 22 avril 2005, à deux heures du matin, devant le corps diplomatique et la presse internationale, le ministre de l’Intérieur en charge de la Sécurité et de l’élection, François Akila Esso Boko, demande au président de la République par intérim de suspendre le processus électoral. Il évoque les risques de dérapages sanglants et fait observer que les conditions d’une élection présidentielle qui réconcilie le Togo avec lui même ne sont pas réunies. (Il indiquera plus tard dans une interview à RFI les raisons profondes de ses inquiétudes : « ...circulation de matériel de guerre, de pistolets automatiques, de kalachnikovs distribués au sein des milices du parti au pouvoir, l’achat de certaines armes blanches notamment les machettes, les plans savamment conçus par une hiérarchie militaire totalement inféodée ou acquise à la famille Gnassingbé et le comportement des enfants Gnassingbé qui n’hésitent pas à utiliser des méthodes peu orthodoxes pour gérer la contestation populaire... »). François Boko propose la mise en place d’une vraie transition politique au Togo. Il est qualifié d’irresponsable par le président en exercice de la CEDEAO. Ces propos sont repris par le président par intérim. Le ministre de l’Intérieur est remplacé par un activiste du régime RPT.
Cette attitude de fuite en avant s’explique. LA CEDEAO dont l’objectif est d’imposer à la Coalition de l’Opposition le fait accompli d’une élection frauduleuse, ne peut accepter, à ce stade, l’arrêt du processus. La suspension du processus signifie la fin du complot. Le pouvoir RPT et la CEDEAO poursuivent sans relâche la mise en œuvre de la conspiration.
LE COUP D’ETAT ELECTORAL
Dès le vendredi 22 avril 2005, deux jours avant le scrutin, débute le coup d’Etat électoral. Les frontières terrestres sont fermées et le demeureront sept jours.
Le jour de l’élection, le 24 avril 2005, tôt le matin, la première action entreprise par le RPT et ses milices est la destruction du centre informatique mis en place par la Coalition pour traiter rapidement les résultats recueillis. Dans la foulée, les réseaux de téléphone mobile et fixe, de même que les liaisons Internet sont coupés, et le resteront pendant plusieurs jours.
Dès la fermeture des bureaux de vote, pour la plupart avant l’heure réglementaire, le RPT et ses milices entreprennent de semer la confusion dans les zones réputées favorables à l’Opposition, l’objectif étant de permettre à la CENI d’invalider les résultats des bureaux de vote concernés. L’épreuve de force ainsi engagée avec la population qui veut suivre le dépouillement dans les bureaux de vote crée très vite un climat de couvre feu tacite.
Toute cette journée, ni l’envoyé spécial de la CEDEAO ni les trois experts électoraux ne sont sortis de leur bureau pour se rendre compte des graves irrégularités qui leur sont signalées par la Coalition de l’Opposition.
Quant aux observateurs de la CEDEAO, ils limitent leur mission à la phase du déroulement du scrutin (de 6h à 17h) sans se préoccuper ni de la période préparatoire concernant la révision des listes et distribution de cartes d’électeurs, ni de l’étape décisive de dépouillement des urnes et de recensement des résultats.
Pour légitimer son coup d’Etat du 5 février 2005, le candidat du RPT et tous ses complices, la CEDEAO en tête, sont prêts à aller au delà de l’inimaginable. Il est inconcevable et inacceptable que le pouvoir RPT qui prétend changer de méthodes par rapport à ses propres habitudes, décide de priver toute une population de moyens de communication empêchant même les hôpitaux et cliniques de porter secours aux blessés.
Malgré toutes ces irrégularités et ces violations massives des droits de l’Homme, la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), par manipulation des procès verbaux, proclame le 26 avril 2005, des résultats provisoires frauduleux de l’élection qui donnent le candidat du RPT vainqueur. La CEDEAO, en dépit des fraudes massives incontestables, publie un communiqué infâme dans lequel elle déclare que « le scrutin répond globalement aux critères et principes universellement admis en matière d’élection ».
Les militants de l’opposition réagissent à l’annonce de ces résultats en sortant spontanément et massivement dans la rue pour manifester leur colère. Des émeutes éclatent dans Lomé et dans plusieurs localités du pays, donnant lieu à une violente répression par des militaires et miliciens du RPT. Cette répression entraîne des centaines de morts et des milliers de blessés. Pour échapper à ces exactions, c’est par milliers que les populations quittent le Togo en direction des pays voisins, notamment, le Bénin et le Ghana.
Dans son recours en annulation du scrutin, introduit le 28 avril 2005, devant la CENI, suivi du mémoire ampliatif, le candidat de la Coalition apporte les preuves des graves et flagrantes irrégularités. Il relève en outre que les résultats proclamés ne sont pas conformes à ceux sortis des urnes et somme la CENI de lui communiquer dans les vingt quatre heures les procès verbaux des cinq mille trois cent vingt bureaux de vote.
Comme on pouvait s’y attendre, la Cour Constitutionnelle qui vient d’avaliser les coups d’Etat militaire et constitutionnel de février 2005 ferme délibérément les yeux sur ces fraudes massives et avalise le coup d’Etat électoral. Non seulement elle refuse de dire le droit, mais elle délibère sans même que le quorum de présence des magistrats soit atteint, violant sans vergogne, son règlement intérieur. En proclamant le 3 mai 2005, Faure Gnassingbé Président de la République dans ces conditions, la Cour Constitutionnelle tente de légaliser un coup d’Etat électoral perpétré avec la complicité de la CEDEAO.
L’ATTITUDE DU PRESIDENT OBASANJO
Le Président Olusegun Obasanjo du Nigéria, en sa qualité de Président en exercice de l’Union Africaine (UA), est l’une des voix les plus virulentes à exiger la démission de Faure Gnassingbé après le coup d’Etat militaire qui a suivi l’annonce du décès du Général Eyadéma le 05 février 2005. Depuis cette démission et la levée immédiate des sanctions de la CEDEAO, le Président Olusegun Obasanjo se fait officiellement discret en s’alignant sur la CEDEAO dont le siège se trouve à Abuja, capitale fédérale du Nigéria.
Le 25 avril 2005, le président de l’UFC, Gilchrist Olympio se retrouve à Abuja, convoqué la veille par Oluségun Obasanjo. Il y constate la présence de M. Faure Gnassingbé, le candidat du RPT. Les deux hommes sont invités à épouser la thèse selon laquelle le gagnant de l’élection présidentielle quel qu’il soit, doit mettre sur pied un gouvernement d’union nationale. Le but de la manœuvre est de réaliser un coup médiatique destiné à la consommation internationale en obtenant de Gilchrist Olympio la reconnaissance de l’élection frauduleuse de Faure Gnassingbé afin d’éviter des affrontements post électoraux. Un traquenard, pour Gilchrist Olympio, destiné à couronner le complot ourdi contre les populations togolaises.
En effet, Olusegun Obasanjo, sachant pertinemment que la victoire de la Coalition sera volée par le pouvoir RPT, veut la bénédiction du leader de l’UFC. Olusegun Obasanjo cherche également par ce biais, à se présenter comme l’initiateur d’une solution négociée à la crise togolaise. La rencontre est un échec. Le président en exercice de l’UA ne réussit pas son coup mais arrive néanmoins à obtenir des deux hommes qu’ils se serrent la main devant les caméras et l’image fait le tour du monde. Le Président du Nigéria a réussi à détourner l’attention de la communauté internationale de la présidentielle calamiteuse du 24 avril 2005 pour la fixer désormais sur la participation de l’opposition à un gouvernement d’union nationale.
Quelques heures plus tard, la déclaration de Gilchrist Olympio qui dément avoir signé un quelconque accord à Abuja est considérée par Olusegun Obasanjo comme un crime de lèse majesté. A partir de ce moment, Olusegun Obasanjo se charge lui même de mener une campagne diplomatique au profit de Faure Gnassingbé en présentant Gilchrist Olympio et la Coalition de l’Opposition comme le camp du refus du dialogue.
En quête de leadership en Afrique, le président nigérian se saisit du dossier togolais et mène des consultations tous azimuts avec les acteurs de la vie politique togolaise. Ce qui aboutit au mini sommet d’Abuja le 19 mai 2005 avec la présence de six chefs d’Etat africains. Cette rencontre n’aboutit à aucun accord concret, la Coalition refusant d’entrer sans condition dans un quelconque gouvernement. Au cours de cette réunion, Olusegun Obasanjo s’est permis de proférer des menaces à l’encontre de la Coalition de l’Opposition en déclarant, entre autres, que partout où elle ira, pour défendre sa cause (Paris, Bruxelles etc.) elle trouvera les chefs d’Etat africains sur son chemin.
Le Président de la Commission de l’UA, le malien Alpha Oumar Konaré, doute pour sa part, de la crédibilité du scrutin présidentiel du 24 avril 2005 et de la légitimité de Faure Gnassingbé. Il estime que cette élection n’a fait qu’empirer la crise togolaise. C’est ainsi que conformément aux résolutions de la trentième session du Conseil de Paix et de Sécurité de l’UA sur la situation au Togo, tenue à Addis Abeba, le 27 mai 2005, demandant une plus grande implication de l’UA dans le processus de résolution de la crise togolaise, le Président de la Commission nomme l’ancien résident zambien, Kenneth Kaunda comme envoyé spécial de l’UA au Togo « en vue d’aider à la facilitation du dialogue entre les parties togolaises ».
Toujours dans sa recherche de légitimer coûte que coûte Faure Gnassingbé, Olusegun Obasanjo convoque la Coalition de l’Opposition à Accra le 2 juin 2005 en présence du Président ghanéen John Kufuor. Au cours de cette rencontre, le Président nigérian qualifie la nomination de Kenneth Kaunda de « non sens » et intime l’ordre à la Coalition de proposer au plus tard le 06 juin 2005 le nom d’une personne à nommer premier ministre par Faure Gnassingbé en vue de la participation sans condition de la Coalition au gouvernement d’union nationale.
Le 03 juin 2005, le président en exercice de l’UA débarque à Lomé et dans une déclaration devant le corps diplomatique et la presse, contredit et désavoue publiquement le président de la Commission. Olusegun Obasanjo estime la nomination de l’ex président zambien « nulle et non avenue ». Il considère l’élection de Faure Gnassingbé comme acquise, lui présente ses félicitations et l’assure de son soutien. Pour lui, seule la composition du gouvernement d’union nationale est désormais d’actualité. Il justifie la répression qui s’est abattue sur les populations togolaises en déclarant que toute action appelle une réaction souvent disproportionnée par rapport à l’action. Il met en garde contre toute contestation du pouvoir togolais par la force.
En marge du cinquième sommet ordinaire de l’UA les 4 et 5 juillet 2005 à Syrte, le président Obasanjo, en compagnie de son homologue nigérien Mamadou Tandja, s’oblige à présenter Faure Gnassingbé au Secrétaire Général de l’ONU, Kofi Annan, à qui il déclare que le problème togolais est réglé avec la nomination d’un premier ministre de l’Opposition en la personne d’Edem Kodjo.
L’attitude d’Olusegun Obasanjo est visiblement dictée par le soutien qu’il attend de la France pour décrocher un siège permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU. En avalisant la présidentielle controversée du 24 avril 2005, le président nigérian espère également obtenir le concours de la France pour un éventuel allègement de la dette de son pays. Mais le président Obasanjo échoue sur toute la ligne et plus particulièrement dans le règlement de la crise togolaise.
Les actes posés par la CEDEAO dans le cadre de la supervision du scrutin présidentiel du 24 avril 2005 contredisent systématiquement ses positions antérieures quand elle condamnait fermement le coup d’Etat du 5 février 2005. M. Obasanjo découvre les singularités de la « Françafrique » suite aux pressions de l’Elysée qui se montre bien disposé à l’égard de Faure Gnassingbé, l’un des fils héritiers de « l’ami personnel » du Président français Jacques Chirac.
LE ROLE DE LA FRANCE
Contrairement aux autres pays de l’Union européenne, notamment, l’Allemagne, la Grande Bretagne, la Hollande, la Belgique et tous les pays de l’Europe du nord, la France soutenait sans équivoque, dans la droite ligne de sa politique de soutien aux régimes dictatoriaux africains, les manœuvres du gouvernement togolais pour se soustraire à l’exécution rigoureuse des engagements pris devant la Commission à Bruxelles le 14 Avril 2004, en particulier, en ce qui concerne le « dialogue national » et la « révision du cadre électoral ».
Au lendemain du décès du général Gnassingbé Eyadèma, la France s’illustre par son refus d’adopter une position claire sur la crise togolaise aggravée par le coup d’Etat militaire du 5 février 2005, qui est unanimement condamné par la communauté internationale. Pressée de s’exprimer, la France finit par déclarer que sa « position se caractérise par une absence de position c’est-à-dire le soutien à la position de la CEDEAO ».
Dès le 11 mars 2005, Michel de Bonnecorse, Conseiller de Jacques Chirac pour les affaires africaines, présent à Lomé dans le cadre des obsèques du défunt président togolais, soutient et défend, au cours d’une rencontre avec l’Opposition, les vices, aberrations et incongruités du processus électoral tel qu’engagé par la CEDEAO et le gouvernement depuis le 28 février 2005. Il cautionne l’interprétation tronquée de l’article 65 de la Constitution imposée par la CEDEAO en déclarant : « Dans votre cas, convocation du corps électoral signifie élection ». Il balaie d’un revers de la main la proposition de la Coalition concernant un accord politique pour organiser l’élection présidentielle, affirmant : « Le seul accord politique qui vaille la peine pour l’Opposition, c’est la désignation d’un candidat unique ». Michel de Bonnecorse se fait, en outre, l’avocat du subterfuge de retour à la légalité constitutionnelle qui consiste à remplacer le président de la République constitutionnel, Outtara. Fambaré Natchaba, par le vice-président de l’Assemblée nationale Abass Bonfoh : « Natchaba est le chiffon rouge agité devant l’armée », affirme-t-il. Cette position révèle que le coup d’Etat continue puisque, selon Michel de Bonnecorse, Abass BONFOH est le choix de l’armée, un compromis politique qui sacrifie le président constitutionnel indésirable par l’armée.
Par ailleurs, d’autres officiels français se font l’écho des campagnes de désinformation du RPT visant à justifier le hold-up électoral du 24 avril 2005. Les propos de Bernard Stasi mentionné plus haut, vont dans ce sens.
Enfin, il n’est pas superflu de rappeler que c’est la France qui assure et continue d’assurer l’encadrement, la formation, l’équipement et l’entraînement des forces de répression qui persécutent et massacrent les paisibles populations togolaises aux mains nues.
C’est le lieu de s’inquiéter une fois encore des positions difficilement compréhensibles de la France et de Jacques Chirac, face au déni de démocratie et au non respect des droits de l’Homme et des libertés fondamentales au Togo. En effet, au lendemain de la présidentielle frauduleuse du 1er juin 2003, c’est le président Jacques Chirac qui est le premier et seul chef d’Etat d’un pays démocratique à adresser ses félicitations au président Eyadéma alors que les résultats définitifs ne sont pas encore proclamés. C’est le même et seul Jacques Chirac qui, en tant que chef d’Etat d’un pays membre de l’Union Européenne, adresse un message de félicitations et de soutien à Faure Gnassingbé dont l’élection est unanimement contestée.
En soutenant des régimes dictatoriaux, coupables de graves violations des droits humains et de pillages systématiques des ressources nationales, la France agit contre les intérêts des populations africaines. Ces actes sont en contradiction avec les discours tenus dans les forums internationaux où la France prétend être l’avocat des pays pauvres et le défenseur de l’Etat de droit et de la bonne gouvernance.
EN GUISE DE CONCLUSION
L’intervention intempestive et péremptoire de la CEDEAO dans les derniers développements de la crise politique que vit le Togo depuis le début de la revendication démocratique, est une catastrophe qui se chiffre en des milliers de morts, blessés mutilés ainsi que des dizaines de milliers de réfugiés, exilés et déplacés.
En lieu et place d’un véritable dialogue entre les protagonistes de la crise, les auteurs de la conspiration ourdie contre le Togo privilégient un scénario destiné à assurer la continuité d’un système clanique et maffieux, en excluant toute idée d’alternance démocratique en République Togolaise.
Il est tout simplement scandaleux que la CEDEAO qui se veut une Organisation sous régionale crédible et porteuse d’espoir pour les populations ouest-africaines, ait pu confier l’organisation d’une élection à des putschistes qui viennent de perpétrer un coup d’Etat parce que, justement, ils craignent d’être battus à l’issue d’un scrutin régulier et transparent.
Tout se passe comme si un deal avait été conclu sur le dos du peuple togolais pour que les putschistes abandonnent le pouvoir confisqué par un coup d’Etat militaire pour le reprendre par un coup d’Etat électoral plus facilement toléré par la communauté internationale
Aujourd’hui le peuple togolais meurtri, pleure ses morts et ses disparus, panse ses blessures et attend dans l’incertitude et l’angoisse, le retour de ses exilés et réfugiés, tout en se demandant quels intérêts peuvent inspirer cette conspiration sordide exécutée avec autant de cynisme par une CEDEAO instrumentalisée par la France. En se prêtant à cette forfaiture, l’Organisation sous régionale porte une lourde responsabilité dans l’aggravation de la crise togolaise et perd toute crédibilité quant à son aptitude à œuvrer à la résolution de cette crise.
Le Peuple togolais souverain, épris de paix, de justice et de liberté, aspire à un Etat de droit, respectueux des libertés fondamentales, des droits humains et des principes démocratiques.
Voilà pourquoi, répondant à ces aspirations légitimes, l’Opposition démocratique appelle les bonnes volontés et les organisations qui partagent les mêmes valeurs, à s’investir dans la recherche d’une solution juste et durable de la crise togolaise qui passe par un dialogue national franc, structuré et transparent.
L’opposition démocratique en appelle, en particulier, à l’Organisation des Nations Unies et à l’Union Européenne, pour qu’elles prennent la pleine mesure de la détresse du peuple togolais et aident à corriger les dérives de la CEDEAO sur le dossier togolais en apportant un concours adéquat et déterminé à la recherche d’une issue pacifique à cette crise.
A cet égard l’opposition démocratique tient à saluer une fois encore la résolution pertinente du Parlement européen en date du 12 mai 2005 sur la situation politique au Togo et demande qu’une suite rapide, concrète et conséquente soit donnée à cette résolution.
L’opposition démocratique tient à saluer également l’envoi au Togo, du 13 au 28 juillet 2005, par le Secrétaire Général de l’ONU, d’une mission d’établissement des faits, suite aux exactions commises à l’encontre des populations togolaises depuis la disparition du Général. Eyadema.
Elle en appelle à la vigilance et à la clairvoyance du Secrétaire Général pour déjouer les manœuvres en cours, visant à entraver la publication du rapport de cette mission, et demande la publication immédiate dudit rapport.
Le Peuple togolais et l’opposition démocratique demeurent persuadés que, dans le contexte actuel, les efforts conjugués de l’UE et de l’ONU sont déterminants pour aider à sortir le pays du cercle de la violence et de l’impunité et faciliter la mise en œuvre des initiatives visant la normalisation de la situation sociopolitique au Togo, notamment par la reprise de l’élection présidentielle et l’organisation des autres consultations électorales dans des conditions de transparence, d’équité et de sérénité.
Lomé, Août 2005.
Pour le Bureau National
Le Deuxième Vice-président
Amah Gnassignbé

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