Panafrique

Le Parlement panafricain menacé par l’autocratie togolaise ?

par IPS Inter Press Service , le 27 février 2004, publié sur ufctogo.com

A moins d’un mois de l’ouverture de la première session du Parlement panafricain, l’intérêt pour la nouvelle législature semble être limité dans plusieurs parties du continent.

 

Une réponse peu enthousiaste au Parlement panafricain

Dans un message envoyé sur son site Internet, l’Union africaine (UA) basée à Addis-Abeba, a exhorté ses Etats membres, qui ne l’ont pas encore fait, à accélérer l’acheminement de la proposition des noms de leurs représentants au Parlement panafricain. Il est demandé à chaque pays de nommer cinq membres de son parlement national pour siéger à la législature continentale.

L’UA a également demandé aux Etats membres d’obtenir, dès que possible, l’adhésion formelle des législatures nationales à participer au parlement africain, et d’envoyer la notification de cette approbation à la Commission de l’UA.

Jusqu’au jeudi (26 février), seulement 32 sur les 53 membres de l’UA avaient proposé les noms des représentants devant prendre part à la première session du parlement - prévue pour se tenir à Addis-Abeba du 18 au 20 mars.

Claude Kabemba, un analyste à l’Institut électoral d’Afrique australe (EISA) basé à Johannesburg, a dit à IPS que ces pays qui traînaient les pas pourraient être en train d’agir ainsi parce qu’ils craignaient beaucoup d’avoir à rendre des comptes : "Certains sont réticents à se soumettre aux principes de l’Etat de droit et de la transparence".

Le Parlement panafricain, qui est modelé sur le parlement européen, a été lancé dans la ville libyenne de Syrte en mars 2001.

Le président Joachim Chissano du Mozambique, qui est le président en exercice de l’UA, dirigera la première session de la législature avant de passer la main au président du parlement et à ses quatre vice-présidents dès que ces responsables seront élus.

Au cours de ses cinq premières années d’existence, le parlement jouera un rôle consultatif. Après cela, il commencera par légiférer sur les questions qui affectent l’Afrique.

Kabemba croit que le rythme variable de la démocratie sur le continent empêcherait le parlement de prendre une part active de si tôt. "Les pays africains sont à des niveaux différents de développement et de démocratie. Certains sont avancés et d’autres comme le Togo sont dirigés par des autocrates", a-t-il indiqué.

Le général Gnassingbe Eyadema du Togo, le dirigeant ayant battu le record de longévité en Afrique, est au pouvoir depuis 1967. Il n’a jamais permis que des élections libres et équitables se déroulent dans le pays.

Certains de ses opposants politiques ont disparu dans des circonstances mystérieuses - tandis que d’autres ont fui l’ancienne colonie française.

"Nous devons aller lentement pour nous assurer que tous les membres de l’UA sont à bord", a ajouté Kabemba. "Certains pays comme la RDC (République démocratique du Congo) n’ont même pas encore commencé par penser à rejoindre le Parlement panafricain".

La guerre et des décennies de mauvaise gestion ont détruit les institutions politiques et l’infrastructure de la RDC. "Même si la RDC envoie des représentants, leur apport sera minime", a fait remarquer Kalemba. Un autre défi auquel est confrontée l’UA est où construire le parlement. L’Egypte, la Libye et l’Afrique du Sud ont tous manifesté leur intérêt à l’abriter.

Frene Ginwala, présidente du parlement sud-africain, a indiqué aux journalistes au Cap, la semaine dernière, que la demande de l’Afrique du Sud d’abriter la législature continentale avait reçu le soutien de plusieurs pays (dont la plupart feraient partie de la Communauté de développement d’Afrique australe).

Elle a souligné que le président Thabo Mbeki a écrit aux gouvernements africains pour obtenir leur appui à la demande.

Refusant de s’avouer vaincu, le dirigeant libyen Muammar Kadaffi aurait construit une salle de conférence magnifique à Tripoli pour abriter le parlement.

Mais des craintes ont été exprimées sur l’absence de références démocratiques de la Libye.

"La Libye n’a pas de démocratie fonctionnelle. Elle a été dirigée par décret depuis que Kadaffi s’est emparé du pouvoir à travers un coup d’Etat militaire en 1969. Ce sera une moquerie d’autoriser la Libye à abriter le Parlement panafricain", a déclaré Stephen Narola, un chercheur à l’Université de Witwatersrand à Johannesburg. "Tant que la Libye ne s’ouvrira pas", a-t-il ajouté, "l’Afrique ne devrait même pas imaginer qu’elle abrite une quelconque institution de l’UA".

Un manque de ressources peut, toutefois, contraindre l’Afrique à faire exactement cela. A part le parlement africain, la Cour africaine de justice et la Banque centrale africaine sont à la recherche d’un siège.

Kadaffi a été généreux envers l’UA, qui a hérité d’une dette de 40 millions de dollars de son prédécesseur, l’Organisation de l’unité africaine (OUA), en 2002. Entre 2001 et 2002, la Libye a payé environ 2,3 millions de dollars à l’UA au nom de 11 Etats africains qui avaient des arriérés vis-à-vis de l’OUA.

Mais, Kabemba ne croit pas qu’il y ait un manque d’argent en Afrique. "Tous ces pays ont de l’argent. Le problème est que l’Union africaine ne leur tient pas à cœur", a-t-il poursuivi.

La relation de la Libye avec l’UA est également embrouillée par le fait qu’elle a exprimé des doutes sur le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), un programme qui cherche à améliorer la vie des 811 millions d’habitants du continent dans le contexte de l’union. En 2002, Kadaffi a décrit le NEPAD comme un instrument néo-colonial. "Nous avons notre propre type de démocratie. Nous acceptons l’assistance, mais nous refusons les conditions", a-t-il dit aux dirigeants africains.

Le NEPAD est basé sur le principe que des pays africains, qui adhèrent aux principes de bonne gouvernance, devraient se qualifier pour obtenir un investissement accru du monde développé - notamment en infrastructure. Les dirigeants africains estiment qu’ils ont besoin de 64 milliards de dollars en aide et investissement par an pour combattre la pauvreté et la maladie, et reconstruire le continent.

Moyiga Nduru - IPS Inter Press Service

 

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