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Le génocide rwandais, plaie au coeur du général Roméo Dallaire

par AFP , le 14 décembre 2003, publié sur ufctogo.com

Près de dix ans après le génocide rwandais, le général canadien à la retraite Roméo Dallaire porte toujours comme une plaie au coeur ce drame dont il fut un acteur de premier plan mais aussi une victime.

 

Commandant de la force des Nations Unies au Rwanda en 1994, au moment du génocide, le général Dallaire est revenu brisé de cette expérience, habité par le sentiment de culpabilité de n’avoir pu rien faire pour sauver des centaines de milliers d’innocents de cette "boucherie".

Souffrant de profonds troubles post-traumatiques, le général Dallaire a tenté à plusieurs reprises de se suicider à son retour au Canada, la dernière fois en juin 2000 quand il fut retrouvé dans un état semi-comateux sur un banc d’un parc de la région d’Ottawa.

Il tentera dans les mois qui suivent d’exorciser ses démons en se mettant à l’écriture.

Après trois ans de travail, il vient de publier au Canada "J’ai serré la main du diable, la faillite de l’humanité au Rwanda", un livre bouleversant dont l’écriture, loin d’être thérapeutique, s’est plutôt transformée, de son aveu, en "une nouvelle descente aux enfers".

En près de 700 pages — il en avait écrit 4.000 au départ —, le livre publié aux éditions Libre Expression expose "la trahison, l’échec, la naïveté, l’indifférence, la haine, le génocide, la guerre, l’inhumanité, le mal" qui ont mené au génocide de 800.000 Tutsis et Hutus modérés.

Aujourd’hui encore, il demeure convaincu que ce génocide aurait pu être évité, mais que la communauté internationale n’en eut jamais la volonté, puisque le Rwanda ne revêtait "pas la moindre valeur stratégique".

Six mois après le fiasco de la Somalie, "un officier américain n’éprouva aucune gêne à me dire que la vie de 800.000 Rwandais ne valait pas de risquer la vie de plus de 10 soldats américains", écrit-il.

Si bien qu’au lieu des 5.000 soldats bien entraînés et bien armés qu’il avait réclamés, sa Mission d’assistance des Nations Unies au Rwanda (Minuar) n’en compta finalement que 2.500, dont 1.100 Bangladais "très peu armés et à peu près inutiles" et 800 Ghanéens, braves et déterminés, mais tout aussi mal équipés.

Les 450 Belges étaient de loin "les mieux entraînés et les plus expérimentés" mais après la mort de dix d’entre eux dans la première semaine du génocide, Bruxelles se retira purement et simplement du Rwanda.

"J’étais hors de moi", se souvient le général dont le père et le beau-père s’étaient battus pour libérer la Belgique pendant la Deuxième Guerre mondiale. "Je regardais les troupes belges nous abandonner au milieu d’un des pires massacres du siècle (...) que les Belges avaient involontairement déclenché" par leur présence coloniale.

Ces propos ont fait bondir le gouvernement belge le mois dernier qui les a jugés "pour le moins déplacés et inopportuns".

Le général affirme ne pas avoir cherché de "coupables", car "il y aurait trop à faire".

Pour lui, il ne fait aucun doute que "la responsabilité du génocide incombe exclusivement aux Rwandais qui l’ont planifié, commandé, supervisé et finalement dirigé".

"Viennent ensuite, comme principaux responsables, la France, qui a bougé trop tard et qui a fini par protéger les auteurs du génocide (...) et le gouvernement des Etats-Unis, qui a combattu activement la Minuar et qui s’impliqua seulement pour aider (...) les auteurs du génocide, tout en laissant les victimes survivantes se débattre et souffrir".

Ce livre ne met pas un terme à la mission rwandaise du général Dallaire qui doit se rendre en janvier à Arusha, en Tanzanie, pour témoigner contre des auteurs présumés du génocide accusés devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda.
AFP

 

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