Nos gouvernants du Togo sont passés maitres dans la manipulations des consciences
par Kouassi KLOUSSE , le 6 janvier 2006, publié sur ufctogo.com« Nous ne devons plus tolérer que nos gouvernants nous racontent des histoires à dormir debout. Il n’y a plus lieu de fermer les yeux sur les diverses manipulations du peuple ou de l’opinion internationale par l’actuel régime en place. »
Faut-il qu’un seul, même si c’est le dernier des togolais meure par la faute de nos gouvernants ? La réponse est : NON ! Mais au Togo la mort du citoyen ne semble pas préoccuper outre mesure, ceux qui se réclament être à la tête de notre pays. La preuve est que déjà à l’époque d’Eyadéma (je dis époque, car qu’on le veuille ou non, cette période est bel et bien révolue), les nids de poules, sur nos routes, les tas d’ordures dans la capitale Lomé, les fonctionnaires qui crevaient de faim à cause du retard des salaires, les retraités qui ne touchaient plus leurs pensions,... rien de tout cela n’empêchait l’argent récupéré par nos douanes ou le port autonome de Lomé, d’aller directement échouer à Lomé II sans transiter par le Trésor public. Le simple citoyen était laissé pour compte et pouvait crever comme un chien dans la rue. Pire pendant que le peuple était ainsi sacrifié sur l’autel des ambitions personnelles,nos gouvernants n’avaient de temps que pour crier si ce n’est après les bailleurs de fonds, du moins après les partis politiques de l’opposition.
Une autre blague que je qualifierai des meilleurs, est de voir la télévision nationale projeter des images d’étudiants lisant des motions de soutien au régime ou de diffamation à l’égard des membres de l’opposition, au lieu de réclamer leurs bourses qui n’étaient plus payées à temps sur le campus universitaire. Il y avait toujours assez d’argent comptant et bien frais pour les manipulations de la jeunesse tandis que le gouvernement continuait de soutenir devant le monde entier, qu’aucun sacrifice n’était trop grand lorsqu’il s’agit justement de cette jeunesse en détresse. Bref, lorsqu’on voit l’art avec lequel le régime d’Eyadéma nous a manipulé au Togo pendant toutes ces années, il n’était plus étonnant de voir que le nouveau régime en place depuis la disparition du dictateur ait hérité du même système.
En effet, cela fera bientôt un an que le nouveau régime aussi nous casse les oreilles avec les mots tels que changements, réconciliation ou paix. N’allez toutefois pas me dire qu’il y a eu un seul changement au Togo, quand le 13 janvier continue d’être maintenu comme une fête de la libération de notre peuple. Libération de qui ou de quoi, allez savoir ? Et cela quand des milliers de nos compatriotes croupissent encore dans les camps de réfugiés juste aux portes de notre chère patrie, que notre pays croule sous le poids de la dette, que des innocents sont malmenés dans les prisons disséminés à travers le pays, et que même notre politique intérieure continue d’être dictée de l’extérieur.
Comme le disait récemment un de mes amis Kabye du Togo, c’e n’est plus une question de « même pipe, même tabac », mais maintenant c’est « même pipe et même daba ». Autrement dit, on prend les mêmes personnes (Edem Kodjo ou Savee de Tové) et on recommence. C’est vrai qu’avec la même famille aux commandes de l’Etat rien ne pourra vraiment changer sous le ciel togolais. Qu’on arrête donc de nous faire croire le contraire.
Lorsqu’il m’arrive en effet de voir avec quelle finesse la « nouvelle machine » mise en place par le « nouveau » gouvernement est arrivée à manipuler toute la communauté internationale (on se rappelle par exemple le changement de langage des plus grand responsables de l’Union Africaine ou de la CEDEAO au lendemain du coup d’Etat de février 2005 dans notre pays), je ne peux que me demander : si aujourd’hui le Togo n’est pas passé maître dans la manipulation des consciences. Je me rappelle encore au cours de la Conférence Nationale, de ces enfants qui avaient rendu visite au Chef de l’Etat à son domicile et en sont ressortis avec une histoire autour d’un certain gecko tiré avec un fusil à lunette par Eyadéma, une histoire où se retrouvaient des bouteilles d’Awooyo, un bâton et deux grenades (entre les jambes), si vous voyez de quoi je parle. Eh bien, déjà à l’époque, le Ministre Barqué autant que je me souvienne, ne se demandait-il pas « qui vraiment manipulait qui... ? » La manipulation en effet était déjà devenue une gangrène de notre société, au point que aujourd’hui je me demande si ce n’est pas la plus grande maladie à combattre dans notre pays au même titre que l’injustice, les abus en matière des droits humains, la violence, ou tout simplement le Sida.
Revoyez seulement un peu avec moi comment étaient traités les informations dans les années 1970, et dites moi s’il n’y avait pas déjà manipulation de nos pauvres consciences de citoyens. Ne nous faisait-on pas croire par exemple que Eyadéma voulait démissionner du pouvoir. Pour cela autant que je me rappelle, et à cause des pleurs du Ministre Kpotivi Laclé, nos pauvres parents avaient du veiller toute la nuit pour supplier le Président de rester (pas éternellement bien sur) au pouvoir ? Admettons que la démocratie à cette époque n’était pas encore née au Togo, pourquoi alors a-t-il fallu plus tard changer la Constitution afin qu’ Eyadéma puisse se re-présenter en 2003 et cela pour la troisième fois depuis justement l’avènement de la soit disant démocratie au Togo, lui qui une vingtaine d’années plus tôt, se disait déjà fatigué du pouvoir ? Quand je vous dis que nos gouvernants prennent le peuple pour un regroupement d’aveugles et d’idiots...
Qu’on ne vienne pas me dire aujourd’hui que la maladie n’a pas gagné tous les politiciens du Togo, car quelqu’un alors devra m’expliquer, pourquoi et comment Mr Edem Kodjo qui disait avoir pris sa retraite politique il y a peu de temps, se retrouve aujourd’hui à la tête du gouvernement sans même avoir eu à être candidat d’un quelconque parti politique ayant participé à l’élection d’Avril 2005. Bien sur que nous autres ne sommes que de simples citoyens ne connaissant rien aux rouages de la politique, mais cela est un peu trop dur à avaler, et je crois que l’éveil des consciences n’est pas réservé au Togo qu’aux seuls politiciens. Il est temps que les togolais ouvrent grand les yeux et commencent par parler et surtout par agir.
Nous ne devons plus tolérer que nos gouvernants nous racontent des histoires à dormir debout. Il n’y a plus lieu de fermer les yeux sur les diverses manipulations du peuple ou de l’opinion internationale par l’actuel régime en place. Il est temps que les togolais de tous bords commencent par poser des actes responsables, mais alors palpables, et visibles en vue de changer l’image de notre pays.
Pour la reconstruction réelle du Togo, nous devons exiger un langage de vérité de nos dirigeants. Que l’actuel Président de la République arrête de nous dire qu’il prône la paix quand il se prépare à célébrer une fête de la division comme le 13 janvier. L’argent qui permettra de faire les parades militaires, ne pourra-t-il pas servir à commencer par dédommager les familles des victimes des crimes commis par les milices du RPT sur la population civile lors de la dernière élection, ou encore à payer les salaires ? (Simple exemple parmi tant d’autres). Et si vraiment le nouveau gouvernement est prêt à entamer les réformes démocratiques pourquoi ne pas arrêter définitivement les magouilles et prendre le taureau par les cornes, à savoir :
Redonner sa place à la justice dans notre pays
Réagir aux multiples abus en droits humains dénoncés dans les rapports
œuvrer véritablement pour l’organisation de nouvelles élections présidentielles transparentes sous l’égide des Nations Unis par exemple, avec toutes les unités de l’armée confinées pour une fois dans les casernes à l’occasion des votes.
entamer un réel dialogue avec le peuple, j’entends avec tous les togolais, qu’ils soient à l’intérieur ou à l’extérieur du pays et pas seulement avec les associations fantoches acquises aux aspirations du RPT.
Ne me dites pas que cela est impossible ou que cela demandera de grands moyens, car il ne s’agira plus d’organiser coûte que coûte une Conférence Nationale bis, mais des Etats Généraux dans chaque secteur d’activité de notre nation, qui déboucheraient sur les réformes concrètes à entreprendre, et un referendum qui demanderait si oui ou non, les togolais doivent retourner aux urnes pour élire leur Président de la République, ou encore si oui ou non il faut amnistier les assassins du peuple ?
Je vous assure que ce simple consensus entre tous les assoiffés de pouvoir suffira pour résoudre la crise togolaise. C’est une question de volonté et je ne le dirais jamais assez les Togolais manquent de courage politique.
Prions pour que cette nouvelle année 2006 apporte la paix à notre pays, même s’il faut pour cela que le « grain des ambitions » semé dans notre population par des années de dictature « ne meure » pour germer plus fort plus grand, et plus beau. Notre pays a besoin d’hommes intègres, responsables, désintéressés du pouvoir et épris de vérité. Il nous faut de nouveaux leaders politiques non formés pour la manipulation des consciences, mais de dignes fils du pays capables de mourir pour la patrie et qui non seulement donnent l’occasion au peuple de librement s’exprimer, mais respectent ce que leur dit ce peuple, et respectent la parole qu’ils donnent à ce peuple.
Washington D.C, ce 06 janvier 2006
Kouassi KLOUSSE
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