Elliott Ohin

Nous, à l’UFC, nous refusons catégoriquement une collaboration « alimentaire »

par FMLIBERTE.COM / Elliott Ohin , le 28 novembre 2007, publié sur ufctogo.com

Transcription de l’interview accordée par M. Elliott Ohin a M. Kodjo Epou, journaliste de la radio Fmliberte.com. Elliott Ohin est l’ancien Sécrétaire Général de l’U.F.C., Membre du bureau national, Représentant L’U.F.C. en Amérique du Nord.

 

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Question : La surprise était quelque peu grande aux lendemains des élections législatives. Alors qu’on s’attendait à la victoire de l’opposition, c’est plutôt le RPT qui s’en était bien sorti avec pour lui seul 50 sièges sur les 81 que compte l’assemblée. Comment votre parti, l’UFC réagit-il à cette tournure inattendue ?

Elliott Ohin : Je tiens avant tout à vous remercier de me donner l’occasion de m’exprimer premièrement en tant que togolais de notre diaspora vivant en Amérique de Nord et deuxièmement en tant que responsable de mon parti.
En tant que togolais de la diaspora car votre antenne est une opportunité que vous nous offrez pour faire entendre notre voix, en étant loin de notre pays, et cela souvent malgré nous car beaucoup d’entre nous se retrouvent en exil malgré nous à cause de ce régime sanguinaire. Mais être loin de notre pays ne peut signifier que nous nous désintéressons de ce qui se passe chez nous et en cela votre initiative en créant cette radio est capitale pour nous autres et louable. Avant de répondre à votre première question, je tiens à rendre un hommage très appuyé à notre peuple qui est le sujet et l’acteur dans cette lutte pour la démocratie. Le courage de notre peuple est à louer. Je reviens donc à votre première question.
Etant un parti luttant pour un idéal démocratique, nos réactions ont été celles qui nous sont offertes par notre constitution, notamment des recours auprès de la cour constitutionnelle qui malheureusement pour notre pays est composée plus que majoritairement des hommes et des femmes acquis au pouvoir rétrograde qui est prêt à tout pour s’éterniser. La suite donnée à nos recours était prévisible. Mais, dans une société gouvernée par l’irrationnel les barrières aux débordements sont fortuites et l’extrémisme prend naissance dans l’injustice politique, le déni et la pauvreté. Voila pourquoi, ce qui vient de se passer dans notre pays est très grave. Ce qui vient de se passer doit interpeller chacun d’entre nous afin que nous puissions réagir avant qu’il ne soit trop tard. Ce n’est pas l’UFC en tant que telle qui doit réagir, nous devons réagir tous car aujourd’hui plus que jamais tous les ingrédients sont malheureusement réunis pour conduire notre peuple à l’extrémisme. Il est maintenant clair que le clan Gnassingbé n’est pas prêt pour la démocratie ou ne veut pas de la démocratie au Togo. Que devons nous faire ? La réponse à cette question cruciale nous serait donnée par Gnassingbé Ier qui aurait déclaré, qu’il aurait pris le pouvoir dans le sang et ne le remettra que dans le sang. D’ailleurs son fils a confirmé cela en prenant à son tour le pouvoir dans le sang. Si cette déclaration était vraie, alors, c’est vraiment triste et très inquiétant pour notre pays. Mais, nous à l’UFC, nous refusons cette solution bestiale de la prise du pouvoir, voila pourquoi notre parti avec à sa tête notre président se battent sur tous les terrains pour éviter un dénouement sanguinaire, incontrôlable à notre pays et nous continuerons la lutte avec notre peuple jusqu’à la victoire finale. Nous restons confiants.

Q : Y a t-il vraiment eu fraude ? et comment votre parti s’était il organisé pour prévenir la fraude, étant entendu que l’UFC n’est pas à sa première expérience en la matière ?

E.O : Vous savez M. Epou quand on vit dans un pays appauvri intentionnellement par un régime dans lequel seul le clan Gnassingbé a le droit de vivre plus que confortablement aux dépens du peuple, quand les pères de famille en dehors de ce clan ont du mal à mettre un bout de viande dans l’assiette de leurs progénitures, la misère devient traître et les consciences sont facilement monnayables et c’est ce qui s’est malheureusement passé.
Permettez-moi de vous étayer ce que je viens de vous dire par une triste anecdote. Un jour, cela s’est passé au temps de Gnassingbé Ier, mes proches voient à la télévision une jeune dame que nous connaissions très bien, cette dame était avec un certain nombre de nos compatriotes qui sont allés à Lomé 2 pour soi disant apporter leur soutien à Gnassingbé Ier. Quelques jours plus tard, cette dame revient rendre visite à mes proches qui lui ont fait savoir qu’ils l’ont vue à la télévision, la dame s’est mise à pleurer en disant, ils sont venus dans notre quartier pour nous dire d’aller à Lome2 et ils donneront à chacun d’entre nous 5000frs CFA. Je suis allée parce que je n’avais pas de quoi acheter tout ce dont ma petite avait besoin pour sa rentrée scolaire. Vous voyez la misère est traite. Des gens comme cette jeune dame, nous pourrions peut être leur trouver des circonstances atténuantes. C’est cette misère que ce régime utilise pour acheter les consciences de nos malheureux compatriotes. Mais, malgré cela le peuple a résisté.
La suite n’est que du tripatouillage des chiffres dans le but de conserver le pouvoir avec le concours de tous les organes constitutionnels qui sont acquis à leur cause, ajouter à cela l’aide incontestable de leurs amis extérieurs et ennemis de notre peuple. C’est une lutte entre le pot de terre et le pot de fer mais, ici le pot de fer est le peuple avec en moins une partie de notre armée qui n’a pas encore pris conscience qu’elle est l’émanation du peuple et qu’à ce titre, elle doit se mettre du coté de ce peuple. Mais, sûrement cette tranche de l’armée prendra rapidement conscience et le pot de fer prendra le dessus sur le pot de terre représenté par le clan Gnassingbé. Cela est une question de temps et surtout de prise de conscience que nous espérons ne sera tardée.
Pour revenir sur la prévention de la fraude par l’UFC, je vous signale que plusieurs mois avant les élections législatives, nous avons tiré la sonnette d’alarme sur la fraude et publié un texte intitulé les signes du principe des élections libres et régulières au Togo. Je cite parmi les conditions pour les élections libres et régulières, trois :
- Que la Commission Electorale Nationale Indépendante, la fameuse CENI, soit réellement indépendante et équitable dans sa recomposition.
- Qu’un découpage électoral juste soit établi en tenant compte du nombre d’habitants par circonscription.
- Que les représentants des partis dits de l’opposition soient légalement membres à part entière des bureaux de vote avec les pouvoirs de signer les procès verbaux des résultats et le droit d’en recevoir copies.
Malheureusement ces 3 conditions parmi tant d’autres n’ont pas été suivies avec l’idée de part et d’autre, je dis bien de part et d’autre en parlant du RPT et certains partis dits de l’opposition qui ont pensé que le refus de remplir ces conditions pousserait l’UFC à boycotter ces élections. Tout a été fait pour nous pousser à les boycotter. Je peux vous dire aujourd’hui que notre participation a permis au moins de mettre de l’ordre sur notre échiquier politique et, cela sera important pour la suite de notre lutte.

Q : Le parti est apparemment a une période critique de son histoire. Et puis, les Togolais attendent de voir comment vous allez vous comporter face à la nouvelle donne. Allez-vous siéger à l’assemblée et/ou participer au gouvernement ?

E.O : En démocratie, il doit avoir une séparation entre le pouvoir législatif et le pouvoir exécutif. Le pouvoir législatif est conféré directement aux députés par le peuple ce qui n’est pas le cas du pouvoir exécutif, le président de la république est en principe élu par le peuple, je dis en principe car ce n’est pas le cas au Togo où Faure Gnassingbé n’a pas été élu par le peuple mais imposé avec des armes. Ceux qui ont donc élu nos députés, les ont choisis pour les représenter valablement à l’assemblée nationale, il serait plus ou moins incorrect de la part de ces députés de refuser de faire ce que les électeurs leur demandent c’est à dire d’apporter leurs doléances à l’assemblée nationale. Le peuple, seul juge devrait les juger à la fin de leurs mandats pour un renouvellement éventuel ou pas. Ceci est une norme dans la démocratie.
Si dans la démocratie, la majorité doit prévaloir, la minorité doit être préservée. Je m’explique, la majorité est au pouvoir et exécute le programme pour lequel le peuple l’a élu et la minorité doit jouer son rôle de contre pouvoir, une sorte de garde fou pour des débordements éventuels de cette majorité. Mais, la dessus nous devons nous poser des questions car si les membres du RPT se sont permis de tabasser le représentant de la CELI de mon parti et ceci dans le bureau du président de la CENI, nos députés devraient ils se rendre dans l’enceinte de l’assemblée nationale en ayant le couteau entre les dents pour éventuellement se défendre ? Quel pays ?
Si Faure Gnassingbe dit qu’il a été élu d’une façon démocratique et qu’il a la majorité à l’assemblée, alors dans les normes démocratiques, il devrait gouverner avec sa majorité et mettre en pratique le programme pour lequel le peuple lui a conféré ce pouvoir. Si ce n’est pas le cas, alors il faudrait se mettre d’accord sur un autre programme avec un ou plusieurs partis qui ont sûrement des programmes différents de celui du RPT. Je veux dire en clair que si l’UFC doit faire partie d’un gouvernement quelconque avec le RPT, cela ne peut se faire que sur une base très claire au vu et au su du peuple. Nous, à l’UFC, nous refusons catégoriquement une collaboration « alimentaire ». Le peuple est avec nous pour un programme et nous nous battrons pour mettre en pratique ce programme pour lequel le peuple nous supporte. Nous n’irons jamais à la soupe en sacrifiant notre idéal politique qui est le bien être pour tous.

Q : Tout porte a croire que l’UFC n’est pas sur la même longueur d’onde avec ses allies d’hier. Le CAR et la CDPA notamment. C’est quoi au juste la pomme de discorde ?

E.O : Pomme de discorde ? Nous, à l’UFC, nous ne nous définissons pas par rapport aux autres partis, alliés d’hier ou pas mais, nous nous définissons en essayant de répondre à la question, qu’attend notre peuple de notre formation politique ? Ce qui devrait d’ailleurs normalement être de même pour tous les partis politiques. En tenant compte des derniers résultats des élections législatives malgré les manipulations frauduleuses du RPT, à l’UFC, nous pouvons affirmer sans trop d’erreurs que notre peuple n’attend surtout pas des partis politiques dits de l’opposition d’aller s’acoquiner avec le RPT sur son dos mais, de le libérer de ce parti qui est à la base de tous ses maux.
L’objectif de l’UFC est clair et rejoint celui de notre peuple c’est à dire libérer notre pays. Si les autres partis et notamment ceux dont vous venez de parler ont le même objectif alors, nous sommes sur la même longueur d’onde.

Q : Un leader politique, Maître Agboyibo a récemment déclare que faire alliance contre le RPT reviendrait à opposer le Sud et le Nord. Partagez-vous cet avis à l’UFC ?

E.O : Je vous avoue très honnêtement que je suis surpris par cette déclaration. Poser le problème togolais en ces termes est inouï. Pour avoir parcouru avec le président de mon parti le Togo du Sud au Nord, je peux vous affirmer que le peuple dans sa globalité, autant au Nord qu’au Sud ne demande qu’une seule chose jouir de ses droits dans l’équité, le bien être. Et dire aujourd’hui que ne pas être du coté du parti qui prive ce peuple de ses droits c’est opposer le Sud et le Nord, me surprend énormément. Mais au-delà de cette déclaration, devons nous comprendre que l’auteur de la déclaration préfère se mettre du coté du parti qui prive notre peuple de ses droits élémentaires ? Le peuple, seul juge mesurera si ce n’est déjà fait la portée de cette déclaration. Mais, vous savez M. Epou, au Togo, certains de nos hommes politiques sont des vrais artistes de la voltige oratoire. Le risque quand on joue aux acrobates de la voltige est qu’il arrive qu’on se retrouve dans le filet et au pire des cas on se retrouve sur le plancher et je crois qu’à la suite de ces élections législatives, un certain nombre de nos politiciens acrobates de la voltige oratoire se sont carrément retrouvés sur le plancher. Je ne peux que leur souhaiter bonne chance pour se relever.
En tout cas pour nous à l’UFC dans le Togo pour lequel nous nous battons, diversité rimera avec liberté et non rivalité.

Q : Cela fait 3 fois au moins que l’UFC se déclare gagnante des élections. Il y a autant de fois que l’UFC a officiellement perdu ces élections. Comment se fait il que vous n’arrivez pas à tout mettre en œuvre pour conserver ces victoires.

E.O : En fait ce ne sont pas les victoires de l’UFC mais celles de notre peuple, qui ont été à plusieurs reprises confisquées par le clan Gnassingbé avec le concours meurtrier d’une partie de notre armée. Mais, je peux comprendre les raisons pour lesquelles vous confondez l’UFC au peuple car aujourd’hui, il est clair que l’UFC épouse totalement les aspirations profondes de notre peuple. Et le peuple finit toujours par avoir le dernier mot.

Q : Le président de l’alliance, aux lendemains des législatives avait accuse la communauté internationale d’avoir trompé les Togolais. Avez vous fait le même constat à l’UFC.

E.O : Cela démontre si cela est vrai que nous ne devons compter que sur nous même. Rappelez-vous cette fameuse phrase du Général de Gaulle, la France n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts. Nous devons aussi défendre nos intérêts et le rôle des partis politiques est aussi entre autres d’aider le peuple à cerner ses intérêts pour les défendre avec vigueur et rigueur.
Q : On parle de plus en plus et comme toujours d’une union sacrée de l’ensemble de l’opposition. Croyez-vous que ceci est encore réalisable à l’état actuel des choses, surtout qu’il apparaît désormais clair qu’un pan important de cette opposition se rapproche du parti au pouvoir ?

E.O : L’union serait-elle une panacée ? Nous devons nous poser la question. Notre peuple à travers ces dernières élections a démontré sa maturité, il sait qui est qui et qui peut défendre valablement ses intérêts. Ce qui reste c’est d’avoir des vraies élections libres et transparentes pour donner à ce peuple qui a tant souffert l’opportunité de faire librement son choix. En clair l’union pour l’union ne peut être la panacée. Si les partis dits de l’opposition défendent les mêmes causes, ils finiront par se rencontrer et se retrouver.

Q : Pensez-vous que les démocrates de la diaspora membres de l’UFC font assez pour aider le parti sur le terrain ?

E.O : Sur ce sujet précis, je pense que nous pouvons mieux faire car quoiqu’il en soit, nous autres qui par la force des choses se retrouvent loin de notre pays, nous sommes mieux lotis que nos sœurs, nos frères et nos parents qui ploient sous le joug d’une dictature atroce.
Je profite de cette opportunité pour lancer un appel solennel à tous nos compatriotes de la diaspora qui partagent les mêmes convictions que nous pour nous rejoindre afin qu’ensemble nous apportions nos contributions dans cette lutte de libération.

Q : On s’étonne que les Togolais de la diaspora ne fassent rien pour faire de FMLIBERTE.COM leur radio. Comment cela ?

E.O : Malheureusement beaucoup de nos compatriotes peut être compte tenu de leur vie dans ces pays, attendent que l’information vienne vers eux. Nous avons aussi un travail à faire au sein de nos communautés respectives pour sensibiliser nos compatriotes sur le rôle primordial de la politique dans notre pays et en cela votre antenne est un outil très utile.
Je demande à nos compatriotes qui nous écoutent en ce moment de promouvoir cet organe important de l’information, qui est en fait le nôtre, nous autres Togolais de la diaspora. En ce qui me concerne, j’en fais mien cette radio et m’engage à la promouvoir et demande à nos compatriotes d’en faire autant.
Merci.
FMLIBERTE.COM / Elliott Ohin

 

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