Opinions-débats

Permis de colonisation

par Pyepimanla , le 6 février 2006, publié sur ufctogo.com

Au nom de quel critère les Africains seraient moins épris des valeurs de liberté que les Français ? Les revendications des jeunes Arabes et Noirs qualifiées « d’émeutes » par les médias français montrent une fois de plus le degré de considération et de louvoiement de la France dès lors qu’il s’agit des « Noirs ».

 

En ces moments où la question "NOIRE" occupe les esprits dans la France métropolitaine, où "l’invariable passivité" des Noirs pour reprendre l’auteur médisant et raciste de "Négrologie" Stephen Smith se transforme en une "activité constante" qui déplaira sûrement au tartignolle auteur et prend à contre-pied toute la classe politique française habituée à la génuflexion de la dite population, il me semble important de porter le regard sur les agissements de la France dans ce qu’elle considère être son "terrain d’expérimentation" des basses besognes et de la poursuite de sa politique de colonisation.
Hubert Védrine [1], ancien ministre français des affaires étrangères dévoilait déjà les intentions de la France pour l’Afrique dans ce qu’il est convenu d’appeler « Colonisation new-look » en affirmant, je cite "Il faudrait actualiser, rendre légitimes les formes modernes de protection ou de tutelle sous mandat du conseil de sécurité réformé".

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Comment percevoir cette déclaration de Hubert Védrine si ce n’est comme une demande adressée à l’ONU pour obtention d’un permis d’instauration licite et solennelle de la colonisation et tous les agissements de la France aujourd’hui en Afrique (où peut-elle si ce n’est l’Afrique, faire ses actes de barbarie aujourd’hui ?) et particulièrement en ce qui concerne la question ivoirienne abondent dans ce sens. Sinon, pour qui la France demande t- elle donc ce permis de colonisation ? Quand on voit la gesticulation autour de la question de l’apologie de l’esclavage (du crime) et les louanges de la colonisation, on sait bien qui est visé par la France dans son ultime tentative de rester un empire et d’exploiter les populations conformément au souhait de De Gaulle. Derniers soubresauts d’un système aux abois ?

Dans son immense empire composite dont les caractéristiques sont le pillage systématique des matières premières favorisé par des "valets dignitaires" à sa solde, des dictatures nocives et asphyxiantes dressées pour exterminer toutes les velléités qui s’insurgent contre cet état d’entropie dans lequel l’Afrique plonge "grâce" aux loyaux et salutaires services de la France (mère patrie), la Côte d’ivoire aujourd’hui, par la résistance qu’elle oppose à l’oppresseur, fait office de "mouton noir" et il faut la punir quitte à la calomnier comme il est de bon ton lorsque l’on est pas d’accord avec Paris ce, par tous les moyens. On se souvient d’un film "la légion saute sur Kolwezi" qui glorifiait les faits d’armes de la France dans l’ex-zaïre, pourtant !!! Ne parlons pas de ELF et autres...
Pourtant et pourtant !!le Cameroun, palme d’or du pays le plus corrompu de la planète, le Togo, champion du monde de vitesse en révision de constitution (moins de 5 heures) dans l’ultime but d’installer le fils de l’ami personnel de Chirac, le Gabon où le sénile et non moins tartuffe BONGO règne depuis des lustres et si par la grâce des dieux, la prostate ne vient pas l’y déloger, il passera toute sa vie au pouvoir au grand dam des gabonais et au grand plaisir de la mère patrie etc. Ces pays sont de "bons élèves" de la France si ce n’est de Chirac pour paraphraser l’incompétent BIYA dont la prévarication est le symbole de sa gouvernance et dont la phrase à l’endroit de François Mitterrand rend compte des rapports qui lient la France à ces pays. Curieux non ? Le pays de Ernest de Renan pourtant prompt à donner des cartons rouges, est curieusement muet et aveugle face à des actes aussi graves qu’elle sait pourtant si bien dénoncer et pour cause, « le pays des droits de l’homme ».

Pourquoi crier au scandale si les intérêts français sont bien gardés par des exemples, des modèles, des symboles d’une colonisation positive et réussie que sont les dirigeants des pays cités. « Grâce » à l’omerta qu’elle a réussi a instauré dans ces pays, le pays de Victor Hugo continue ainsi l’économie de traite et la colonisation, qui sont les socles de son royaume et le fondement de ses rapports avec les Africains noirs. D’ailleurs René Maran [2] dans sa préface de « BATOUALA » dira « Civilisation, civilisation, orgueil des Européens et leur charnier d’innocents, tu bâtis ton royaume sur des cadavres. Tu es la force qui prime le droit, tu n’es pas un flambeau mais un incendie ».

Sous sa cape de l’amie de l’Afrique, la France continue sa politique de colonisation au nom de la coopération. C’est ainsi que par des pseudo organisations humanitaires et des ONG (Organisations non gouvernementales) idoines, elle introduit des armes dans le but de déstabiliser tout gouvernement qui oserait ne pas se montrer capable de préserver les intérêts de la France pourtant dans des pays dits indépendants et libres, des concepts chers à la France, mais qu’elle bafoue et refuse aux peuples Africains.
L’actualité nous montre que cette citation de Védrine, qui n’est autre qu’une demande d’installation, de reconduction de la colonisation dans les territoires des pays francophones noirs est à prendre au sérieux par les Africains. Et le cas de la côte d’ivoire est révélateur des intentions que nourrit la France pour l’Afrique : s’installer par tous les moyens et piller davantage celle-ci en maintenant son standing de "grande puissance" dans l’échiquier mondial et contenir l’Afrique dans le rang de continent misérable.

Les tueries des populations d’Abidjan, la destruction de l’aviation militaire ivoirienne pour avoir protesté contre les affres d’une présence aussi encombrante qu’impérialiste, en passant par le génocide rwandais, les coups d’état au CONGO -Brazzaville et les tueries, le pillage du bois au Cameroun avec toute la noria des grumiers qui défilent dans les routes de Douala et autres villes etc. La liste ne pourrait être exhaustive.
A souhait et pour des raisons qui restent encore obscures pour ceux qui ne se sont pas penchés suffisamment sur la question ivoirienne et découvrir des accords diaboliques et meurtriers que la France a imposé à toutes ses anciennes colonies (lire les servitudes du pacte colonial de Koulibaly MAMADOU) , elle se veut la tutrice de l’Afrique et lorsqu’elle est en proie à ses « humeurs voire ses pulsions », elle est toujours la seule et la même à saisir le conseil de sécurité pour demander des sanctions contre la Côte d’ivoire et de l’Afrique si ce n’est demander des « aides » qu’elle s’approprient tout ceci au nom de la coopération, lesquelles aides et coopération dénoncées par les Africains eux-mêmes. Qui a donc décrété l’incapacité de l’Afrique à se prendre en main et nommé la France comme tutrice ? Cette démarche paternaliste n’est autre qu’une recherche en bonne et due forme d’un mandat, d’un permis de l’ONU pour coloniser sous le sceau d’un document officiel.

Une autre étrangéité tout de même, comment continue t-on à « donner » de l’argent à des gens qui ne savent pas le gérer ? Même un profane sait qu’il n’est pas intéressant d’investir dans un projet qui n’est pas rentable et comment se fait-il donc que l’Afrique, berceau de l’entropie, de la paresse, de tous les maux comme aiment à la gausser la France et autres Occidentaux continue par un étrange « élan de philanthropie » à « préoccuper » tant, ces mêmes gens qui la glosent ? Pourquoi la France ne quitte t-elle pas l’Afrique tant celle-ci n’est que tristesse, misère et pauvreté ? Et les Africains ne veulent plus de cette aide, mais comment cette demande que dire cette exigence n’est-elle pas entendue à l’Elysée ?

Mamadou KOULIBALY [3] « Mais la France doit également avoir à l’esprit qu’avec la prise de conscience du peuple de Côte d’Ivoire, et sa maturité politique de 2005, débarrassée des complexes du colonisé des années 60, aucune démarche de passage en force, même par voie diplomatique, ne peut constituer une solution durable à la complexe situation qui est le résultat de la volonté de Paris de mettre au pas la Côte d’Ivoire. La jeunesse de Côte d’Ivoire est à l’image de celle du Togo, du Bénin, du Mali, du Burkina, du Sénégal, du Gabon, du Cameroun, du Congo et de tous les pays colonisés en Afrique par la France. Les aspirations de ces jeunes sont les mêmes, et le grondement est identique d’un bout à l’autre de l’Afrique. Jouer à la sourde oreille, ou vivre dans la chimère de la certitude de pouvoir tout contrôler comme dans les années 60, est pour la France et pour nos dirigeants africains actuels, un risque considérable dont les conséquences sont aujourd’hui difficiles à mesurer. »

Face au coup d’état que la France planifiait pour déposer GBAGBO, les ivoiriens descendus dans la rue pour manifester leurs désaccords, comme à son habitude furent par les medias français, dépeints comme des voyous, des gangsters, des bandits de grand chemin qui veulent casser du « Français » alors que comme tout peuple et le peuple français en premier, aspire à la liberté et à son autonomie. Au nom de quel critère les Africains seraient moins épris des valeurs de liberté que les Français ? Les revendications des jeunes Arabes et Noirs qualifiées « d’émeutes » par les médias français montrent une fois de plus le degré de considération et de louvoiement de la France dès lors qu’il s’agit des « Noirs ».

Cet anachronisme dans la vision et ces élans de prédation qui continuent d’habiter la France risquent fort de trouver davantage de contrariétés, malgré les menaces non voilées du président Chirac qui annonçait au mois de janvier dernier que la France riposterait désormais avec l’arme nucléaire contre quiconque s’en prendrait aussi à ses sources d’approvisionnement en plus de la menace terroriste. Les sources d’approvisionnement de la France étant en grande partie en Afrique donc acquises par la criminalité et les massacres, on comprend bien qui le président de la France visait dans sa volonté de riposte. Seulement, cher Président sachez que les populations ne sont plus dupes et la soif de liberté et la détermination qui habitent les Africains aujourd’hui ne sont plus à prendre avec condescendance.

MBOA

 

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Notes

[1] Citation de Hubert Védrine lue dans « Négrophobie » page 33

[2] Citation de René Maran lue également dans « Négrophobie » page 36

[3] lire « les servitudes du pacte colonial » 2 édition de Mamadou Koulibaly

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