Togo : Les journalistes observent une « journée sans presse et sans émission »
par Liberté Hebdo (Togo) , le 10 novembre 2009, publié sur ufctogo.comLa loi organique relative à la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) adoptée le 30 octobre par les députés continue de susciter des réactions. Les organisations de presse togolaises se mobilisent pour le retrait pur et simple de cette loi. Aussi les organisations nationales et internationales de défense de la liberté de presse et des droits de l’Homme ne cessent-elles de condamner cette nouvelle trouvaille des autorités togolaises destinée à museler la presse privée.
A l’initiative de l’Union des journalistes indépendants du Togo (UJIT), de l’Observatoire togolais des médias (OTM), du Conseil national des patrons de presse (CONAPP) et de Journalistes pour les Droits de l’Homme (JDHO), les journalistes se sont réunis en assemblée générale extraordinaire vendredi dernier à la Maison de la Presse afin de plancher sur l’attitude à adopter face à la crise créée par la nouvelle loi organique de la HAAC. Les échanges se sont bien déroulés et les journalistes ont convenu d’user de toutes les voies de recours au lieu d’opter tout de suite pour la rue.
A l’issue de cette réunion, les journalistes ont décidé de saisir la Cour Constitutionnelle au plus grand tard aujourd’hui et d’observer une « journée sans presse » demain pour protester contre cette loi liberticide. Durant la « journée sans presse », les journaux ne paraîtront pas et les médias audiovisuels n’animeront non plus des émissions. D’autres stratégies ont été élaborées et seront exploitées le moment venu.
Enfin, les organisations de presse ont invité les journalistes à signer une pétition qu’elles ont mise en circulation pour recueillir le plus grand nombre de signatures.
Condamnations des organisations nationales et internationales
La Fédération Internationale des Journalistes (FIJ) a dénoncé jeudi dernier le vote par l’Assemblée nationale le vendredi 30 octobre 2009 d’une loi qui renforce les pouvoirs de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) qui menace gravement la liberté de la presse et la liberté d’expression au Togo.
« Cette nouvelle loi constitue un recul grave pour la démocratie au Togo, car son seul objectif est de museler la presse privée dans ce pays », a déclaré Gabriel Baglo, Directeur du Bureau Afrique de la FIJ. « Cette nouvelle loi est inopportune dans le contexte actuel », a-t-il ajouté.
Dans ce communiqué, la FIJ « appelle les autorités togolaises à plus de sérénité dans leurs relations avec la presse et lance un appel à un dialogue avec les syndicats et associations de journalistes pour une révision de cette loi en vue de permettre aux journalistes de travailler dans des conditions minimales de sécurité ».
Reporters sans frontières (RSF) a également réagi à cette loi de la HAAC. Le 5 novembre 2009, RSF a écrit au président de la République du Togo, Faure Gnassingbé, pour lui demander de ne pas promulguer le projet de loi organique adopté par le Parlement. La lettre porte la signature de son Secrétaire Général Jean-François Julliard (voir texte ci-dessous).
A Ouagadougou où se déroule la 3ème édition du Festival International sur la Liberté d’Expression et de la Presse, la presse togolaise a reçu le soutien de l’Union des Journalistes de l’Afrique de l’Ouest (UJAO) dans sa lutte contre cette loi organique liberticide.
« Le Président de l’UJAO, Ibrahim Famakan Coulibaly, a pris la parole à la soirée de gala où plus de 40 pays africains étaient présents et ce, bien sûr en présence des autorités du Burkina Faso et de la presse internationale pour réagir contre le vote de cette loi, soutenir la presse togolaise dans ce combat et appeler toute la presse africaine à s’unir derrière nous pour lutter contre ce musèlement de la presse dans notre pays le Togo. Après son allocution, une déclaration de l’UJAO en soutien à la presse togolaise a été rendue publique et distribuée à toute l’assistance », a affirmé sur « mediatogo » le Secrétaire Général de l’UJIT qui a participé à ce festival.
Les organisations de défense des droits de l’Homme ne sont pas du reste. Après la Ligue togolaise des droits de l’Homme (LTDH) mercredi 4 novembre, c’est au tour de l’Association togolaise pour la défense et la promotion des droits humains (ATDPDH) de réagir à cette loi de la HAAC.
Cette organisation estime que « ce projet de loi est anticonstitutionnel et constitue un recul par rapport aux avancées enregistrées en matière de liberté d’expression et de presse ».
Comme on le voit, il revient à nous les journalistes de nous mobiliser contre cette loi répressive de la HAAC. C’est l’affaire de tous. Les confrères qui rament à contre-courant et qui soutiennent le vote de cette loi, font fausse route.
R. Kédjagni
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