Togo : de l’argent français finance la terreur
par Amnesty International , le 1er novembre 1999, publié sur ufctogo.comAu lieu de protéger les citoyens togolais, les forces de sécurité sont à l’origine d’une vague de terreur qui ébranle la structure fragile de la société. Or, qui soutient les forces de sécurité du Togo ? Publié en 1999, ce document d’Amnesty International est malheureusement toujours d’actualité 5 ans après les faits sur plusieurs points, comme par exemple, les formations de militaires togolais en France.
- Le secrétaire général d’Amnesty International, Pierre Sané, présente l’une des balles utilisées au cours d’une attaque de l’armée togolaise contre les maisons des dirigeants de l’opposition, en août 1998. Ces balles ont été fabriquées par la Société française de munitions. © AI
Le Togo continue de bénéficier d’une importante aide militaire de la France, son ancienne puissance coloniale. En vertu d’un accord de défense, la France peut intervenir à tout moment à la demande du Togo en cas d’invasion étrangère. Cet accord, dont les détails n’ont jamais été rendus publics, prévoirait également l’intervention des forces françaises en cas de troubles à l’intérieur du territoire togolais.
Le secret qui entoure la coopération militaire entre la France et le Togo ne permet pas une analyse détaillée. Cependant, les informations parvenues à Amnesty International indiquent que l’aide militaire française, notamment celle concernant la fourniture d’équipements et l’entraînement des militaires, a été utilisée dans le but de réprimer la population civile du Togo.
Au mois d’août 1998, les forces de sécurité ont attaqué les domiciles de Jean Pierre Fabre, de Gnassingbé Amah et d’autres dirigeants de l’opposition, à l’aide d’armes légères et de roquettes. Certaines des balles retrouvées après ces attaques se sont avérées, après analyse, avoir été fabriquées par une entreprise française, la Société française de munitions (SFM).
La France fournit une aide directe pour l’entretien du matériel qui s’élève annuellement à 5 millions de francs. Elle a également réparé et remis à neuf les avions Buffalo de fabrication canadienne de l’armée de l’air togolaise, qui sont conçus et utilisés pour le parachutage de troupes et de conteneurs. Ce sont ces mêmes avions qui, selon des témoins, auraient servi pour jeter des cadavres au large des côtes du Togo et du Bénin
La France assure une présence permanente de 28 conseillers militaires, dont des instructeurs, un pilote et des mécaniciens. Elle a également entraîné des membres des forces armées togolaises. On ignore cependant quelles procédures, si toutefois elles existent, ont été mises en place pour s’assurer que ces militaires respectent les droits humains ou pour surveiller leurs activités une fois leur programme d’entraînement terminé.
Un haut responsable de la gendarmerie togolaise, mis en cause par la Commission nationale des droits de l’homme du Togo pour avoir ordonné que quatre personnes soient torturées en août 1990, s’est vu remettre la décoration d’officier de l’ordre national du mérite par la France en avril 1998. D’autres responsables présumés d’actes de torture ou de mauvais traitements auraient suivi des stages de formation en France.
Amnesty International - Novembre 99

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