Interview

Togo : Gilchrist Olympio au micro de RFI

par RFI (France) , le 30 avril 2010, publié sur ufctogo.com

Au sujet des élections présidentielles : Vous savez, ces élections ne sont pas crédibles ! On a eu, je crois, moins de cent observateurs européens, et on avait 6 000 bureaux de vote. Donc, il y avait un problème en amont : c’est la liste électorale, il y a le problème de comptage.

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Christophe Boisbouvier : Gilschrist Olympio bonjour…

Gilchrist Olympio : « Bonjour ! »

Christophe Boisbouvier : Pourquoi n’avez-vous pas été candidat à la dernière présidentielle ?

Gilchrist Olympio : « J’ai été malade. Vous savez, j’ai eu une chute plutôt malheureuse à Washington. Je suis tombé du premier étage jusqu’au rez-de-chaussée. J’ai loupé une marche, dans la soirée, je suis allé rendre visite à ma fille, qui vit à New York et quelqu’un m’a dit de venir à Washington passer quelques jours et c’est à Washington que j’ai eu mon accident, et j’ai eu à passer deux jours à l’hôpital de Georgetown. Et après c’est le traitement de physiothérapie... Je n’ai pas d’os cassés, mais beaucoup de contusions musculaires. »

Christophe Boisbouvier : Beaucoup se sont demandé si ce n’était pas une maladie diplomatique.

Gilchrist Olympio : « Vous savez, au Togo il y a tellement de rumeurs ! Vous savez, j’étais le candidat choisi à 100 % par notre congrès et j’étais prêt à aller... quand j’ai eu cet accident malheureux à Washington. »

Christophe Boisbouvier : Pourquoi avez-vous tardé à prendre la parole pendant la campagne, en faveur du candidat Jean-Pierre Fabre ?

Gilchrist Olympio : « Tout le monde dit qu’on a tardé. Non, ce n’est pas du tout ça. D’abord, j’étais malade et surtout j’avais besoin de temps... de consulter les autres partis de l’opposition en mon absence. »

Christophe Boisbouvier : Donc, vous n’avez pas soutenu Fabre d’entrée de jeu. Vous avez hésité, c’est ça ?

Gilchrist Olympio : « Oui, c’est exact. J’étais candidat et je voulais être candidat. J’ai cru que j’allais me relever un peu plus tôt, mais mes médecins m’ont dit : ce genre de chute, il faut compter un ou deux mois. Et quand je me suis relevé un peu, je suis parti directement à Lomé. J’ai fais le tour du stade municipal en voiture et j’ai dit à tout le monde – il y avait un monde énorme ! – et j’ai levé le bras avec Fabre pour leur dire :’voici votre candidat. Il faut voter pour Jean-Pierre Fabre’ avec qui je collabore depuis 10 ans. »

Christophe Boisbouvier : Mais franchement, Gilchrist Olympio, est-ce que vous n’avez pas hésité aussi parce que peut-être pensiez-vous que Jean-Pierre Fabre n’était pas le meilleur candidat de l’UFC en votre absence ?

Gilchrist Olympio : « Peut-être, peut-être… Mais vous savez, on a une structure dans le parti pour choisir un candidat en mon absence. Et on me dit - je n’étais pas présent-, il ne reste que Jean-Pierre Fabre qui est un garçon qui a beaucoup de qualités et comme nous tous, certains défauts aussi. Mais je crois que dans les circonstances, c’était le meilleur candidat que l’on pouvait avoir. »

Christophe Boisbouvier : Quels sont les petits défauts que vous lui reconnaissez ?

Gilchrist Olympio : « Oh… il est un peu plus jeune que moi… »

Christophe Boisbouvier : Ca, ce n’est pas un défaut.

Gilchrist Olympio : « Un peu plus de fougue, mais je crois qu’il est intelligent et surtout très travailleur. »

Christophe Boisbouvier : Vous n’aviez pas une petite préférence pour un autre ?

Gilchrist Olympio : « Non je ne crois pas. Vous savez, ils sont deux. Il y a le premier vice-président Monsieur Patrick Lawson et puis il y a Fabre qui est le secrétaire général. Alors Patrick Lawson s’est retiré du jeu pour des raisons personnelles et donc il ne restait que Fabre. »

Christophe Boisbouvier : Alors à l’issue de cette présidentielle du 4 mars, le sortant Faure Gnassingbé a été proclamé vainqueur avec 60 % des suffrages exprimés. Qu’est-ce que vous pensez de ces résultats ?

Gilchrist Olympio : « Non. Ce n’est pas crédible. Vous savez, ces élections ne sont pas crédibles ! On a eu, je crois, moins de cent observateurs européens, et on avait 6 000 bureaux de vote. Donc, il y avait un problème en amont : c’est la liste électorale, il y a le problème de comptage. »

Christophe Boisbouvier : Si le scrutin s’était bien passé, qui aurait gagné à votre avis ?

Gilchrist Olympio : « On aurait gagné et gagné massivement. Il n’y a pas de problème. Nous sommes de loin le parti le plus organisé, le plus structuré et le plus populaire. Et ce que nous demandons c’est ce que le peuple demande, même aujourd’hui. Tous les samedis vous allez voir des centaines de milliers de gens qui marchent. Qui font des marches de protestation, juste pour dire que les résultats ne sont pas crédibles. »

Christophe Boisbouvier : Alors, vous parlez de ces manifestations hebdomadaires tous les samedis. Lors de l’une d’entre elles, le 17 avril, vous avez été pris à parti par des jeunes militants de votre propre parti de l’UFC. Vous avez du quitter les lieux. Comment vous avez vécu ce moment ?

Gilchrist Olympio : « Quand les quelques jeunes ont jeté des pierres ? »

Christophe Boisbouvier : Oui.

Gilchrist Olympio : « Non. C’est un très petit incident. Il y avait à peu près une demi-douzaine de jeunes gens qui jetaient des pierres, un peu de boue, à la plage et ce n’était pas la première fois qu’on je jette des pierres. Quand vous êtes dans ce métier, il faut assumer les responsabilités. Mais rien, rien de très sérieux. Vous savez, ils n’étaient même pas une dizaine. Tout l’état major de notre parti l’a condamné. Ils sont venus tous à la maison pour me dire que vraiment ils sont attristés par les évènements de ce matin. »

Christophe Boisbouvier : Mais n’est-ce pas le signe qu’il y a quand même quelques divergences de vue, entre le courant Jean-Pierre Fabre et le vôtre ?

Gilchrist Olympio : « C’est tout à fait normal. Ce n’est pas profond. Nous sommes tous membres du même parti. Naturellement, il y a plusieurs courants. Je crois que est au devant d’un courant, peut-être pas le plus important. Il y a d’autres courants. Oui c’est vrai que nous ne sommes pas à 100% d’accord mais on a eu des conversations assez utiles avec Jean-Pierre Fabre, Patrick lawson et les autres. »

Christophe Boisbouvier : Est-ce que vous allez rester Président de l’UFC ?

Gilchrist Olympio : « Pour le moment oui ! Notre prochain congrès, c’est dans 2 ans. Jusqu’à maintenant personne ne m’a demandé de démissionner. »

Christophe Boisbouvier : A la fin de l’année vous aurez 74 ans. Est-ce que vous envisagez d’être à nouveau candidat de l’UFC à la prochaine présidentielle ou pas ?

Gilchrist Olympio : « Ca dépend des circonstances. Wade est toujours président. Je crois que Mandela est devenu président à 75 ans. Pour le moment, tout ce que je peux dire c’est que nous n’avons pas encore choisi de candidat pour les présidentielles. J’espère que je serai en forme pour accompagner mon parti. Sinon, on trouvera le bon candidat pour donner une victoire totale à notre parti. »

Christophe Boisbouvier : Vous ne vous sentez pas fatigué ou gagné par la lassitude ?

Gilchrist Olympio : « Non, pas du tout. Et je compte continuer. »

Christophe Boisbouvier : Alors beaucoup pensent que vous allez rentrer dans un gouvernement formé par le président Faure Gnassingbé. Quelle est votre position là-dessus, Gilchrist Olympio ?

Gilchrist Olympio : « Oui, c’est une question que nous devons étudier sérieusement, mais pour le moment l’attitude c’est que nous continuions notre rôle d’opposition à ce régime militaire. Et notre rôle c’est de combattre ce régime. Peut-être avec des concessions de tous les côtés on peut trouver une solution mais pour le moment la question n’a pas été sérieusement étudiée. »

Christophe Boisbouvier : Alors vous avez quand même quelques discussions discrètes, avec les membres de l’entourage de Faure Gnassingbé. Est-ce que ces discussions vous ont permis d’avancer ou pas ?

Gilchrist Olympio : « Nous en avons eu dans plusieurs pays. A Rome, à Paris, à Bruxelles et à Ouaga, à Lomé et on a toujours essayé de trouver un terrain d’entente. Mais ceci a été, jusqu’à maintenant, impossible. Et donc pour le moment, je peux vous assurer que nous n’avons pas étudié cette question sérieusement. »

Christophe Boisbouvier : Quelle est la dernière fois que vous avez parlé avec Faure Gnassingbé ?

Gilchrist Olympio : « Ca remonte presque à un an et demi. »

Christophe Boisbouvier : Même au téléphone ?

Gilchrist Olympio : « Même au téléphone oui. Je ne l’ai jamais eu au téléphone. »

Christophe Boisbouvier : Et à quelles conditions pourriez-vous envisager une entrée au gouvernement ?

Gilchrist Olympio : « Très difficile. Cela dépend de l’attitude du gouvernement. Mais pour nous, si par hasard on doit rentrer dans un gouvernement de ce genre, il nous faut beaucoup, beaucoup de garanties. Parce que vous savez, c’est une dictature, en place depuis 45 ans et ils ont des habitudes et surtout une armée restée prétorienne, tribale et familiale. Donc, il nous faut trouver une solution. »

Christophe Boisbouvier : Gilchrist Olympio, merci.

 

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